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Interview de Mérédith Debaque (collection Hélios – octobre 2015)

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Comme promis, Le Bibliocosme s’attache à faire découvrir tous les aspects du monde des livres et aujourd’hui, c’est le monde de l’édition qui est mis en avant. En effet, Mérédith Debaque, responsable de la collection Hélios des Indés de l’Imaginaire, s’est gentiment plié à l’exercice de l’interview écrite. Abordons avec lui son travail éditorial sur cette collection alliant résolument littératures de l’imaginaire et polar.

Crédits photographiques : Christine Luce

Le Bibliocosme : Pouvez-vous vous présenter et nous expliquer en quoi consiste votre fonction ?

Mérédith Debaque : Mérédith Debaque au rapport, assistant d’édition chez les Moutons électriques. J’ai l’honneur de « représenter » la collection Hélios.

 

Comment présenteriez-vous la collection Hélios (origine, organisation entre éditeurs, charte graphique) ?

La collection « Hélios » a débuté d’une manière très classique : Mnémos avait un fonds qu’ils désiraient rééditer en poche, parce que certains de leurs titres avaient un gros potentiel sous ce format, potentiel demeurant, malheureusement, non exploité. Je pense à Charlotte Bousquet par exemple.

Dans le même temps, les Indés de l’imaginaire en tant que véritable collectif indépendant maturait et les deux autres membres, ActuSF et les Moutons électriques, voyaient bien l’avantage d’un « outil éditorial » spécifique comme une collection poche.

Et donc, naturellement, les trois maisons d’édition ont finalement décidé de co-diriger et co-éditer cette collection ensemble. Les avantages sont nombreux : fonds riche, force de diffusion plus forte et possibilité d’agir à trois pour la promouvoir à tous les niveaux :
– Événementiel, avec des dédicaces en librairies, des rendez-vous festifs (pour célébrer l’inauguration d’Hélios Noir par exemple),
– Internet, en coordonnant nos contacts et réseaux.
– Commercial, en négociant des prix auprès des imprimeurs, auprès des publicitaires etc.
L’union fait la force, en somme !

Une fois prise la décision de faire d’Hélios une collection « collective », la charte graphique a été revue pour être très contemporaine, plus graphique, en essayant de se rapprocher de ce que peuvent faire les collections anglaises et de s’éloigner du look classique des autres collections de poche. Proposer quelque chose de différent et de nouveau, quelque chose qui frappe l’intérêt et qui séduise, résume l’idée.

Hélios 2015.09.10

Pour l’organisation, la direction générale est vraiment collective, même si ensuite, chaque maison est responsable des choix de son programme éditorial, même si celui-ci est discuté en amont avec les autres. C’est également cela, diriger une collection en collectivité, on s’entraide, on échange, on veille les uns sur les autres. Si untel veut publier un livre, mais que untel autre a déjà publié ce genre de livre, qui s’est révélé être un échec commercial, on prévient. Si untel veut des infos sur un auteur, et que untel autre a un contact privilégié, on échange. Bref, on tente une nouvelle approche, une sorte d’osmose en fait, pour ne jamais se faire concurrence et surtout travailler main dans la main.

 

En ce qui concerne la ligne éditoriale d’Hélios, la plupart de vos parutions sont donc des rééditions. Quels sont vos critères de sélection ?

Que le livre soit bon ! Il n’y a pas réellement de critères de sélection précis, à part qu’Hélios est une collection d’ouvrages ayant trait à l’imaginaire, donc pas de litt’gen ni de romance. On réédite les ouvrages de nos propres fonds bien sûr, pour leur donner une seconde vie, atteindre un nouveau public, mais on cherche aussi des auteurs francophones ou anglophones qui n’ont jamais été, pour une raison ou une autre, édités en poche, ainsi que des romans indisponibles. C’est un travail hyper enthousiasmant et assez nouveau pour nos maisons d’édition, car cela nous permet d’aller voir des auteurs que l’on adore et leur acheter des titres, ou bien encore d’aller racheter des titres à d’autres maisons, ainsi enrichissons-nous nos catalogues de romans.

 

Il vous arrive également de publier des textes inédits, quel autre travail éditorial cela demande-t-il ?

Un texte déjà édité nous demande, en général, moins de travail éditorial, même s’il nous arrive très souvent de rajouter de la matière (comme pour Métaphysique du Vampire de Jeanne-A Debats) ou d’en profiter pour relire et corriger le texte. Certains auteurs demandent même à réécrire en partie leur texte : c’est le cas de L’Origine des Victoires d’Ugo Bellagamba et des romans de Dominique Douay.

Pour un livre inédit, notre boulot se rapproche du grand format, il faut travailler le texte avec l’auteur, le faire passer chez le correcteur, fixer une deadline avec l’écrivain ou le traducteur. Le genre de chose qu’un texte réédité, déjà « mature » donc, nous évite de faire.

Mais ce n’est pas un problème, au contraire : chacune de nos maisons d’édition a une ligne éditoriale et des contraintes de tailles et de style, Hélios nous permet d’élargir nos critères de sélection, notamment en publiant des textes courts qui ne pourraient sortir en grand format. Cela vaut bien le travail supplémentaire.

 

Deux ans après le lancement de la collection, quel bilan faites-vous en matière de ventes et d’accueil auprès du public ?

Peu à peu, elle séduit les libraires et les lecteurs avec son look hyper contemporain et les poids lourds qui y sont publiés (Alan Moore, Jean-Philippe Jaworski, George R.R. Martin, Dan Simmons, Adrien Tomas, etc.). Les ventes sont bonnes, les retours sont élogieux, et l’opé « Il y a forcément un Hélios pour vous » a été un succès, sans compter les photos des stands « Hélios » dans les librairies, qui sont tout bonnement splendides. Cette année a été charnière pour la collection et elle en ressort renforcée.

Nous avons lancé Hélios Noir, où l’on publie du polar avec des auteurs comme Ayerdhal, ou David Coulon, une réussite, très bien accueillie, et ce n’était pas un pari gagné d’avance car le monde du polar est très différent de celui de l’imaginaire.


 

Que nous réserve Hélios pour la fin d’année 2015 et le début d’année 2016 ?

Eh bien, je dirai juste que l’on s’est mis d’accord, que le programme est tout bonnement excellent, entre les rééditions de notre fonds et les bijoux venus d’ailleurs : par exemple L’Origine des Victoires d’Ugo Bellagamba en novembre. Et pour l’année 2016, préparez-vous à lire du Fabien Cerutti, du Jean-Marc Ligny, du Roland C. Wagner, du Fabien Clavel, du James E. Gunn, et bien sûr encore du George R.R. Martin, du Dan Simmons, etc.

Sans compter qu’Hélios Noir continue son développement avec La Santé par les plantes par Francis Mizio et Faux visages, second volet du Loup Solitaire, par Louis Joseph Vance.

Bref, l’année prochaine va être excellente.

 

Enfin, pouvez-vous nous faire part d’un ou deux coups de cœur éditoriaux récents dans la collection Hélios ?

Ce que je vais dire n’implique évidemment que moi, j’ai adoré le mois de mai de la collection : le trio Jean-Philippe Jaworski, avec Le Sentiment du fer, qui m’a replongé avec extase dans le Vieux Royaume, me rappelant à quel point j’avais aimé le voyage et regretté le retour. Alan Moore avec La Voix du Feu, une force lyrique et un roman-concept parfaitement maîtrisé, et puis une couverture splendide. Morgane Caussarieu et Dans les Veines, le retour à un de mes genres favoris, l’horreur vampirique des années 1990, tout en brutalité et en intelligence.

Ça a été un réel plaisir d’en parler autour de moi, tant leurs qualités les rendent faciles à conseiller.

 

La collection Hélios semble donc lancée sous de bons auspices et il faut s’attendre à redécouvrir encore de belles rééditions poche dans ces prochains mois au sein des catalogues des trois Indés de l’Imaginaire.


Kaamelotien de souche et apprenti médiéviste, tentant de naviguer entre bandes dessinées, essais historiques, littératures de l’imaginaire et quelques incursions vers de la littérature plus contemporaine. Membre fondateur du Bibliocosme.

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