Science-Fiction

Sovok

Sovok

Titre : Sovok
Auteur : Cédric Ferrand
Éditeur : Les Moutons Électriques
Date de publication : 2015 (février)

Synopsis : Moscou, dans un futur en retard sur le nôtre. Manya et Vinkenti sont deux urgentistes de nuit qui circulent à bord de leur ambulance volante de classe Jigouli. La Russie a subi un brusque infarctus politique, entraînant le pays tout entier dans une lente agonie économique et une mort clinique quasi certaine. Le duo d’ambulanciers est donc le témoin privilégié de la dégradation des conditions de vie des Russes. Surtout que leurs propres emplois sont menacés par une compagnie européenne qui s’implante à Moscou sans vergogne. Et puis un soir, on leur attribue un stagiaire, Méhoudar, qui n’est même pas vraiment russe, selon leurs standards. Ils vont quand même devoir lui apprendre les ficelles du métier.

Note 4.0

Le lecteur non russophone doit partir du principe que toutes les expressions russes employées par Saoul font ouvertement référence à l’appareil uro-génital de son interlocuteur, à la sexualité rémunérée de sa mère, au comportement inverti adopté par son père et au retard mental accumulé par ses enfants. Quand il est en verve, il lui arrive même de combiner toutes ces allusions au sein d’un unique idiotisme.

 

Après l’excellent « Wasburg » dépeignant les bas-fonds d’une cité apatride d’inspiration médiévale, Cédric Ferrand revient enfin avec un tout nouveau roman intitulé « Sovok ». Bien que lui aussi tiré d’un jeu de rôle, l’univers dépeint ici par l’auteur n’a rien à voir avec son précédent ouvrage puisqu’il s’inspire d’une Russie rétro-futuriste en pleine déliquescence. C’est bien simple, tout part à vau-l’eau : le gouvernement en place se distingue avant tout par son instabilité, les pouvoir publics manquent à tel point de ressources que se sont aux habitants de se cotiser pour rémunérer pompiers et instituteurs, et la plupart des quartiers se retrouvent à tour de rôle privés d’électricité et plongés dans le noir. L’avantage (parce qu’il faut bien en trouver…) c’est que les Moscovites sont devenus les rois de la débrouille ! Bidouillage en tout genre, troc, pot-de-vin, petits arrangements le plus souvent illégaux…, c’est qu’il faut savoir faire preuve d’audace et d’imagination si on veut être capable d’améliorer un peu son quotidien ! Manya et Vinkenti en savent d’ailleurs quelque chose, eux qui arpentent inlassablement toutes les nuits les rues moscovites à la recherche de potentiels patients requérants les services des urgentistes de Blijni. Un boulot éreintant qui ne va pas en s’améliorant lorsqu’on leur colle dans les pattes un petit nouveau, fraîchement embauché et disposant d’une semaine pour faire ses preuves.

Le roman se découpe en chapitres correspondant chacun aux jours de la semaine passé par Méhoudar en compagnie de ses deux collègues. Le lecteur découvre donc en même temps que lui le quotidien de ces urgentistes sillonnant les rues à bord de leur Jigouli, ambulance défranchie comptant un nombre bien trop important de kilomètres au compteur mais qui possède l’avantage non négligeable de pouvoir se mouvoir dans les airs. Le roman se compose ainsi d’une succession de petites scènes dévoilant chacune un peu plus l’état de la société moscovite de l’époque et les conditions de vie de ses habitants. Le récit avance donc à un rythme plutôt soutenu et parvient ainsi à maintenir l’intérêt du lecteur intact du début à la fin. On en apprend aussi peu à peu sur les trois protagonistes du récit : Méhoudar, jeune homme fraîchement arrivé à Moscou dont il peine encore à comprendre le fonctionnement ; Manya, quadragénaire revêche à l’esprit pratique et ne s’embarrassant pas de sentiments ; et Vinkenti, conducteur obèse plus ouvert que sa collègue et s’intéressant de prêt à l’avenir politique de la Russie. Des personnages tous très réussis auxquels on s’attache sans mal et avec lesquels on ne serait pas contre faire un bout de chemin supplémentaire. Le style de l’auteur reste quant à lui toujours aussi agréable, plein d’un mordant et d’un cynisme qui donnent lieu à des dialogues savoureux et plein d’humour.

 

Cédric Ferrand nous offre avec « Sovok » un roman très prenant consacré à une société futuriste russe décadente dont on se plaît à arpenter les coins et recoins et à rencontrer les habitants, plus ou moins réglos et arrangeants. L’auteur fait à nouveau preuve de beaucoup de talent, et c’est avec impatience que j’attends de lire son prochain roman.

Autres critiques : Cédric Jeanneret (Reflets de mes lectures), Cornwall (La Prophétie des Ânes), Dionysos (Le Bibliocosme), Gromovar (Quoi de Neuf sur ma Pile ?), Nicolas Soffray (YoZone), Nicolas Winter (Just a Word), Ptitetrolle (Lectures trollesques)Sia (Encres & Calames), Thomas Riquet (Mythologica), Vil Faquin (La Faquinade) et Xapur (Les lectures de Xapur)

Antiquiste passionnée d’art, de cinéma, de voyage et surtout grande lectrice des littératures de l’imaginaire (fantasy essentiellement).

5 commentaires

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