Science-Fiction

Chroniques des Nouveaux Mondes, tome 1 : Le Voyageur solitaire

Chroniques des Nouveaux Mondes 1 Le Voyageur solitaire

Titre : le Voyageur solitaire (recueil)
Cycle : Chroniques des Nouveaux Mondes, tome 1
Nouvelles : Le Voyageur solitaire ; Le Traqueur d’extrêmes ; Le Cas du chasseur ; L’Astroport
Auteur : Jean-Marc Ligny
Éditeur : ActuSF (Les Trois Souhaits)
Date de publication : mai 2008

Synopsis : Tag Fades était un homme gris, aigri, amaigri. Un homme assez désespéré pour accepter de partir seul pour un voyage de cinquante-deux ans vers la planète Canaan à la recherche des premiers colons humains portés disparus. Mais ses motivations personnelles sont toutes autres. Pourra-t-il enfin être seul et échapper à l’humanité ? Et que trouvera-t-il en lui-même dans cette fuite sans retour ?
Premier des quatre récits de ce recueil, Le Voyageur Solitaire plante le décor des Chroniques des Nouveaux Mondes, un cycle de science fiction dans lequel Jean-Marc Ligny explore le futur mais surtout l’âme humaine, des profondeurs de l’espace à celle de la Terre. Une œuvre riche et puissante et qui ne cesse de nous renvoyer à nous-mêmes. Une des grandes réussites de l’auteur de Jihad, AquaTM et Inner City.

Note 3.5

Quand l’avenir est bouché, le passé vous étouffe.

« L’Astroport »

Bien avant de rééditer La Saga d’Oap Täo, ActuSF avait déjà « ressuscité » les Chroniques des Nouveaux Mondes de l’auteur plusieurs fois récompensés Jean-Marc Ligny, notamment grâce à la passion de Jérôme Vincent pour cet ensemble hétéroclite de nouvelles, de novellas et de romans composant un space opera sur la destinée de la Terre construit sur plusieurs décennies, notamment à partir de publications chez Fleuve Noir dans la fameuse collection Anticipation. La curiosité ne peut que pousser à découvrir ces quelques récits, et c’est mon amie Verdorie qui m’a procuré ces publications d’il y a quelques années, merci à elle.

Le Voyageur solitaire est alors un recueil de quatre nouvelles revues et corrigées par Jean-Marc Ligny pour l’occasion, avec aussi une large préface nous replongeant parfaitement dans son processus de création continue et d’éditions multiples.

Tout d’abord, nous embarquons aux côtés du Voyageur solitaire, nouvelle qui donne son nom au recueil datant de 1991. Ce Voyageur solitaire est un certain Tag Fades et par son âme taciturne se retrouve à partir dans l’espace en quête du vide sidéral dans une mission médiatisée au possible. En plus de peindre le portrait d’un petit homme ordinaire qui ne comptait pas se mettre en avant, Jean-Marc Ligny délimite déjà les contours de son space opera d’envergure : il ne s’agit pas de conter des guerres interminables et des forces invisibles tapies dans l’ombre ; non, il s’agit davantage de s’attacher à comprendre les réactions humaines face à ce qui nous est normalement inaccessible, il s’agit aussi de dénoncer les affres de notre propre société des XXe et XXIe siècles entre une surmédiatisation ridicule en plus d’être abrutissante et une considération tout aussi minime de l’Autre quand l’individu se considère comme plus important que tout ce qui l’entoure. Le Voyageur solitaire est la plus courte nouvelle ici, pourtant elle est sûrement la plus parlante et universelle du recueil.

Le Traqueur d’extrêmes raconte, ensuite, l’histoire d’un autre solitaire qui, lui, s’attache à travailler sa solitude en guettant les lieux les moins humains possibles et en tournant ses performances en complet dépassement de la nature humaine ; de fait, il possède des caractéristiques qui font de lui davantage un mutant qu’un humain basique. Déjà publiée en 1980 sous le titre de Recordman, cette nouvelle instille déjà plus de mystère dans un Nouveau Monde ce coup-ci bien proche de nous, mais encore faut-il que nous prenions la peine de nous rendre compte qu’il existe à nos côtés. Encore une fois, Jean-Marc Ligny explore l’extrême paradoxe humain qui cherche à voir toujours plus loin dans l’espace et à découvrir le plus extraordinaire de l’univers quand il pourrait très bien s’appliquer à mettre en lumière les beautés de la Terre et du Système Solaire autour de nous.

Le Cas du chasseur, déjà paru en 1992, est déjà une affaire plus complexe et peut-être un peu à part dans ce recueil. Au cours d’un procès pour meurtre plutôt simple normalement, l’auteur creuse l’idée de l’égalité des espèces animales à partir du moment où n’importe quel être a conscience de son existence. Tout cela se complique quand certains humains se payent le luxe de se transformer en hybride, notamment une femme-louve plutôt envoûtante…

Enfin, L’Astroport (1991) nous narre la troublante et touchante histoire de Gantoong Mash Majathan et Omali Xin Alia-Alta (l’auteur était toujours dans sa période psychédélique, notamment pour les noms de ses personnages) qui se retrouvent seuls à devoir survivre dans un astroport de Triton, lune de Neptune. L’un et l’autre s’accommodent, espèrent, désespèrent surtout de voir arriver un quelconque soutien ou renfort dans cet angle mort du système solaire. Leur Fils, né pendant leur retraite façon survival, vit tout autrement l’obligation d’habiter dans l’Astroport, cette infrastructure qu’ils ont trouvé sur place et qui recèle certains mystères tout en étant le sel de cette nouvelle.

Pour avoir lu ces nouvelles du recueil de 2007 après avoir découvert ce monde dans la réédition de 2014 des premières mésaventures d’Oap Täo, il semble évident que Les Chroniques des Nouveaux Mondes gagne à s’enrichir de petits récits pointus, mais sont plus compréhensibles une fois que l’on a pris en compte au moins un roman bien construit comme La Saga d’Oap Täo qui aide grandement à la connaissance de ce space opera au long cours. En 2007 et 2010, ActuSF poursuivaient son avancée dans ces Chroniques avec deux autres recueils de nouvelles ; de même, nous attendons pour 2015 et 2016 d’autres publications dans le même univers : autant dire qu’avec ActuSF, on ne risque pas de manquer de Nouveaux Mondes à découvrir. Cela tombe bien car Jean-Marc Ligny nous confiait encore aux Utopiales 2014 combien retrouver son héros psychédélique Oap Täo était jouissif au point d’avoir besoin de l’accompagner de nouveau pour de nouvelles aventures.

Voir aussi : Tome 2 ; Tome 3 ; La Saga d’Oap Täo

href= »https://lafaquinade.wordpress.com/2017/05/11/y-frait-beau-voir-chroniques-des-nouveaux-mondes/ »>Vil Faquin (La Faquinade)

Kaamelotien de souche et apprenti médiéviste, tentant de naviguer entre bandes dessinées, essais historiques, littératures de l’imaginaire et quelques incursions vers de la littérature plus contemporaine. Membre fondateur du Bibliocosme.

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