Récit contemporain

Notre-Dame du Nil

Notre_Dame_du_Nil

Titre : Notre-Dame du Nil
Auteur : Scholastique Mukasonga
Éditeur : Gallimard (Collection Continents noirs) / Folio Poche
Date de publication : 2012 (mars) / 2014 (février)
Récompenses : Prix Renaudot 2012, Prix Ahmadou Kourouma 2012, Prix Océans 2013

Synopsis : Au Rwanda, un lycée de jeunes filles perché sur la crête Congo-Nil, à 2 500 mètres d’altitude, près des sources du grand fleuve égyptien. Les familles espèrent que dans ce havre religieusement baptisé Notre-Dame du Nil, isolé, d’accès difficile, loin des tentations de la capitale, leurs filles parviendront vierges au mariage négocié pour elles dans l’intérêt du lignage. Les transgressions menacent au cœur de cette puissante et belle nature où par ailleurs un rigoureux quota «ethnique» limite à 10 % le nombre des élèves tutsi. Sur le même sommet montagneux, dans une plantation à demi abandonnée, un «vieux Blanc», peintre et anthropologue excentrique, assure que les Tutsi descendent des pharaons noirs de Méroé. Avec passion, il peint à fresque les lycéennes dont les traits rappellent ceux de la déesse Isis et d’insoumises reines Candace sculptées sur les stèles, au bord du Nil, il y a trois millénaires. Non sans risques pour sa jeune vie, et pour bien d’autres filles du lycée, la déesse est intronisée dans le temple qu’il a bâti pour elle. Le huis clos où doivent vivre ces lycéennes bientôt encerclées par les nervis du pouvoir hutu…

Note 4.0

Évidemment, je veux avoir des enfants comme les autres. Mais je veux des enfants qui ne soient ni hutu, ni Tutsi. Ni à moitié hutu, ni à moitié Tutsi. Je veux qu’ils soient mes enfants, c’est tout.

Notre-Dame-du-Nil est perchée tout en haut des sources du Nil. Dirigée par des religieuses, elle reçoit le gratin de la population Hutus mais aussi, par un quota imposé, quelques jeunes filles Tutsis. Même en prenant de la hauteur, les premiers soubresauts d’un grand malheur gagnent petit à petit le lycée. Scholastique Mukasonga choisit par de petits évènements de montrer la montée de la terreur. On sent bien, qu’au-delà des bonnes manières, se prépare l’inacceptable, au nez des professeurs étrangers (français) et de la direction du lycée (belge). Mesquineries, brimades, les dominants sont près à tout pour faire exploser leur haine des « Inyenzi » (cafards, nom donné à leurs camarades Tutsis). Au fil des pages, l’angoisse monte, les masques tombent jusqu’à l’explosion inacceptable du génocide.

Le livre de Mukasonga montre avec un sacré talent de conteuse, par petites touches, la folie qui va frapper le Rwanda en cette funeste année 1994. Comment peut-on en arriver là ?

Livrovore passionné de lecture, de cinéma, de théâtre et en règle générale par tout ce qui a trait à la culture, sans prétention.

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