Super-Héros

Utopiales 2014, Projection #1 : Marvel Renaissance

Parmi les nombreuses projections proposées à l’occasion du festival des Utopiales qui s’est déroulé à Nantes début novembre figurait le documentaire « Marvel Renaissance » réalisé par Philippe Guedj et Philippe Roure. Il s’agissait du premier visionnage public sur grand écran du film, après sa diffusion sur Canal + le 7 mars dernier, et ce en présence des réalisateurs qui se sont fendus d’une rapide présentation. Le documentaire, qu’il aura fallu trois années pour terminer, est consacré à la mutation industrielle de Marvel, devenue aujourd’hui incontournable à Hollywood, de ses difficultés financières au début des années 1990 jusqu’à sa complète résurrection avec le succès retentissant du film « Avengers ». Les deux réalisateurs expliquent que l’histoire de cette ascension a malheureusement du être réalisée sans l’aide de Marvel qui a refusé de collaborer au projet. Aucune interview de personnes actuellement en poste dans la société n’a ainsi pu être réalisée, mais fort heureusement d’anciens scénaristes et dessinateurs (Mark Waid, notamment) ainsi que quelques businessman comme Avi Arad ont accepté de témoigner. Voici un compte rendu succinct de cette projection.

Marvel Renaissance

 

Le film « Avengers » connaît en 2012 un succès incroyable, rapportant à Marvel plus de 1,5 milliard de dollars. Et pourtant, qui l’aurait cru il y a tout juste vingt ans, alors que la société connaissait de graves soucis financiers ? Déclarée en faillite en 1996, la compagnie passera par toute une succession d’épreuves avant d’être miraculeusement sauvée pour mieux renaître de ses cendres. Le documentaire commence au début des années 1990, lorsque l’homme d’affaire Ronald Perelman rachète l’entreprise qui connaît déjà de grosses difficultés. Dès le départ la chose est entendue : son objectif est de redresser la société et de la revendre, et non de maintenir les personnages créés par l’entreprise en vie, d’autant plus que la mode de l’époque n’est plus guère aux comics, davantage considérés comme des objets de collection obsolètes. La dette de la société est à cette époque aggravée par toute une succession de décisions jugées « stupides » par tous les artistes interviewés (hausse des prix, création de trop de nouvelles séries qui ne rencontrent pas le succès attendu…). Beaucoup d’artistes quittent alors la compagnie, dégoûtés par cette gestion initiée par les « suits », ces investisseurs qui ne connaissent rien au monde des comics et ne sont là que pour faire de l’argent.

Malgré des négociations avec les banques, l’espoir que la situation s’améliore d’elle-même est vite déçu. La société doit alors se plier à un plan de restructuration, ce qui lui fait gagner un peu de temps avant la fermeture définitive mais implique également des coupes budgétaires énormes (plus de café, plus de compte Fedex, vente des deux portes de la salle de conférence à l’effigie de super-héros…). Carl Icahn, une autre pointure de Wall Street, s’intéresse alors à Marvel et va s’opposer à Perelman pour la possession de la société. Un combat que les témoins interviewés apparentent avec humour à celui opposant Galactus au surfeur d’argent. Entre les deux titans, la guerre pour le contrôle de Marvel est déclarée. Aucun des deux n’arrivent toutefois à contrer l’action d’Ike Perlmutter et Avi Arad, propriétaires de Toy Biz qui ont la faveur des banques. Pour sauver Marvel de la faillite, Toy Biz fusionne avec la société, donnant ainsi naissance à Marvel Enterprises. L’entreprise commence alors à redresser la tête et les artistes sont encouragés à se diversifier et à ressusciter d’anciens personnages. C’est à ce moment qu’une nouvelle ligne de comics intitulée Marvel Knights voit le jour.

Hollywood commence peu à peu à se ré-intéresser aux comics, de même que les acteurs, très désireux d’interpréter ces personnages avec lesquels ils ont grandi. Les comics redeviennent populaires ! L’arrivée des héros Marvel au cinéma constitue un véritable bienfait pour la société. En 2000, le premier film X-Men sort et marque très nettement le renouvellement artistique de Marvel. Il s’agit de la première étape qui permet à l’univers des comics de germer au cinéma et d’être enfin pris au sérieux : non, ils ne s’agit pas que de types en costumes ou collants, les histoires de super-héros abordent des thèmes beaucoup plus complexes et profonds que cela. Une ligne « Ultimate » est alors créée, et ce à destination du grand public qui aurait découvert un personnage grâce au film et qui ne saurait pas par où commencer. Les cinq années qui suivent sont les plus créatives de l’histoire de la compagnie. Marvel créé alors Marvel Studios afin de gérer elle-même la production des histoires tirées de ses comics et tente de racheter les droits cédés précédemment à Universal, la Fox…

Avengers

Entre 2002 et 2008, le chiffre d’affaire du groupe a triplé. Les affaires se font encore plus satisfaisantes lorsque Disney, qui possède déjà Pixar et Lucas Film, rachète Marvel Entertainment et lui apporte une sécurité supplémentaire, tout en laissant les créateurs libres de faire leur travail. Tous savent désormais aujourd’hui que les succès à venir proviendront des comics qui sortiront dans six mois ou un an. Le succès d’ « Avengers » puis des « Gardiens de la Galaxie » ne fait que le confirmer : la société Marvel a encore de beaux jours devant elle…

Antiquiste passionnée d’art, de cinéma, de voyage et surtout grande lectrice des littératures de l’imaginaire (fantasy essentiellement).

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