Science-Fiction

Novak et son Ai-Phone (nouvelle)

Novak et son Ai-phone

Titre : Novak et son Ai-Phone (nouvelle numérique)
Auteur : Alain Damasio
Éditeur : Nouvelle en ligne sur 01net
Date de publication : 2014 (septembre)

Synopsis : L’un des auteurs français les plus géniaux de la science-fiction offre à 01net un récit inédit. Un shot littéraire, à la fois drôle et angoissant, qui nous plonge dans les eaux noires de la dépendance technologique…

Note 4.0

Sans repère, Novak trouve un escalier pour monter sur l’avenue qui surplombe le quai. Il a des courbatures atroces aux ischios. Arrivé en haut, il voudrait savoir l’heure qu’il est — alors il tend sa main vers sa poche de ceinture et cherche frénétiquement son brightphone. Réflexe. Il regarde le soleil et demande l’éphéméride à Scarlett. Il croit qu’elle est sur mute, il double-tape poche arrière, sur le cuir vide. Qui sont ses rendez-vous aujourd’hui ? Il doit rentrer chez lui se laver si bien qu’il porte sa main à se lunettes absentes pour activer le guidage augmenté. No Mapple App. No Gapple Glass. Novak se rend compte qu’il ne sait plus s’orienter, que ça fait un siècle qu’il n’a pas regarder sa ville. C’est le Pont Vinci, d’ac, et au bout ? Droite, gauche, tout droit ? Chez lui, c’est à combien ? En temps ? En distance ? (…) Il n’arrive pas à revenir sur terre. À accepter sa nudité.

 

Très prisé par les internautes, 01net est un site internet traitant des nouvelles technologies et proposant des accès à des téléchargements aussi bien qu’à des astuces ainsi qu’à, depuis début septembre, une nouvelle d’un des auteurs français de SF les plus réputés, j’ai nommé M. Alain Damasio. « Novak et son Ai-Phone » est donc un texte inédit dont l’auteur a autorisé la publication via 01net et dans lequel on retrouve sans surprise l’un des thèmes phares de Damasio : la dépendance technologique. Comme dans « La Zone du Dehors » ou encore certaines des nouvelles présentent au sommaire de « Aucun souvenir assez solide », l’auteur propose une fois encore à ses lecteurs de réfléchir en profondeur à la société dans laquelle nous vivons. A l’heure où l’I-phone est devenu le gadget favori de milliards de personnes dans le monde, où on met à disposition du consommateur un nombre incalculable d’applications capables aussi bien de nous orienter que de nous informer avec précision de notre fréquence cardiaque ou du temps qu’il fera demain, quelle avenir pour notre société ? Et pour nous ?

Dans ce texte très court composé de quatre parties, Damasio met en scène un monde qui pourrait sembler relever de la pure fiction (la vie entière d’un individu réside désormais dans son i-phone dont il se sert aussi bien pour prouver son identité que pour acheter à manger ou encore louer un vélo), mais dont le lecteur pressent qu’il pourrait bien devenir une réalité d’ici quelques années. Ne vivons-nous pas déjà dans une société qui tend à tout informatiser et où chaque nouveau gadget offre encore davantage de possibilités de centraliser toutes les informations nous concernant en un même appareil ? Par le biais de cette petite nouvelle, l’auteur nous pousse à nous interroger sur l’impact que pourrait avoir, à long terme, la dépendance de plus en grande qui lient les utilisateurs à leurs « machines ». Parviendrions-nous encore à nous orienter si nous ne pouvions plus rechercher notre itinéraire sur Google Maps, ou bien à contacter quelqu’un si nous n’avions plus accès à notre répertoire, ou encore à nous habiller sans savoir s’il fera beau ou non dans une heure ?

 

On devine facilement ce que l’on gagne à se fier à toutes ces applications et ces gadgets dernier cri supposés nous faciliter la vie. Mais sommes-nous bien conscients de ce que cette dépendance nous fait perdre ? On peut à nouveau remercier Damasio pour la qualité de sa plume, et surtout de sa réflexion.

N.B. : : La nouvelle m’a beaucoup fait penser par certains côtés à l’excellent film « Her » sorti cette année . On y découvrait un monde futuriste où la technologie en était venu à occuper une place encore plus grande dans la vie de chacun et dans lequel le héros, Joachim Phenick, tombait amoureux de la voix de son portable (Scarlett Johanson).

Antiquiste passionnée d’art, de cinéma, de voyage et surtout grande lectrice des littératures de l’imaginaire (fantasy essentiellement).

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