Fantasy

La voie du cygne

La voie du cygne

Titre : La voie du cygne
Auteur : Laurent Kloetzer
Éditeur : Mnémos (Folio SF en poche)
Date de publication : 1999 (2001 pour la version poche)

Synopsis : Pour Jeophras Denio, rien n’est impossible ! Tout le monde sait qu’il est le meilleur inventeur de la ville. Si seulement son engin volant arrivait à fonctionner… Mais quelle machine, quelle équation pourrait l’aider à conjurer le malheur de sa fille Carline ? Elle a été jetée en prison à la suite d’une réception au palais. Pour elle, c’est la potence, s’il ne parvient pas à l’innocenter du meurtre de Nerio de Lethys. Endosser le rôle d’un détective n’est pas une mince affaire, même avec l’aide d’un garçon débrouillard comme Alexis. Mais Jeophras ne pensait pas se faire piéger dans un tel engrenage… Dvern est une cité d’intrigues où les puissants jouent à des jeux dangereux. Lequel d’entre eux convoite le pouvoir ? Qui, à la cour, fomente ce complot ? Une séduisante comtesse, un maître d’armes, le prince en personne ? Jeophras ferait bien de se méfier, s’il ne veut pas tomber au fond du labyrinthe. Derrière cette affaire se cache un mystérieux secret, vieux de dix-huit ans… Mais pour le découvrir il vous faudra pratiquer le jeu de l’oie. Suivez donc Jeophras sur la Voie du Cygne…

Note 4.0

Ils traversèrent Dvern figée en sa gangue de pierre, déserte et abandonnée à leur volonté. Nerio se sentait la force de devenir le maître de ce navire de roc, il se sentait la force d’affronter les fantômes et les dieux enfouis de cette cité millénaire. En cette nuit de tempête, la ville laissait apercevoir sa véritable nature, lavée de ses dorures et de ses fanfreluches atlanes… Elle apparaissait telle qu’elle était, une cité cruelle et sanglante, vénérée jusqu’à la mort, destinée à régner !

Considéré par beaucoup aujourd’hui comme l’un des écrivains français majeurs des littératures de l’imaginaire, au même titre que Jean-Philippe Jaworski (« Gagner la guerre ») ou encore Stéphane Beauverger (« Le Déchronologue »), Laurent Kloetzer est incontestablement un auteur atypique. Déçue par ses « Royaumes blessés », déroutée par les nouvelles de ses « Petites morts », c’est non sans une certaine appréhension que je me suis lancée dans la lecture de cette très encensée « Voie du cygne ». Allais-je encore une fois louper le coche ? Et bien non. Soulagement dès les toutes premières pages : cette fois, je suis moi aussi totalement tombée sous le charme du roman Laurent Kloetzer. Un récit à mi-chemin entre la fantasy et le polar se déroulant dans le même univers atlan que la plupart des autres ouvrages de l’auteur et mettant en scène une galerie de personnages impressionnante car particulièrement soignée. En ce qui concerne l’intrigue, Laurent Kloetzer n’hésite pas à allègrement piocher dans la mythologie grecque : des labyrinthes, un monstre, un vieux roi tyrannique et cruel, un inventeur ferru de machines volantes…, bref, vous aurez sans mal reconnu le mythe du Minotaure que l’auteur se rapproprie ici avec brio en le mélangeant à des histoires de cour et de meurtre.

Le symbolisme tient également une place de choix dans ce roman où tout est à double sens et rien jamais certain. Laurent Kloetzer dispose d’un talent indéniable pour manipuler ses lecteurs jusqu’à les rendre presque fébriles et incapables d’émerger de la toile redoutable qu’il a patiemment tissé. Ne vous fiez pas à l’apparente lenteur des premiers chapitres, car une fois les personnages présentés et le décor posé, le rythme se fait endiablé, action, révélations et rebondissements inattendus s’enchaînant de façon de plus en plus précipité et toujours aussi maîtrisée. Le talent de l’auteur réside également dans sa capacité à faire peser sur son récit une ambiance très particulière, comme si les personnages comme le lecteur oscillaient sans cesse entre rêve et réalité. Un onirisme que l’on retrouve d’ailleurs dans la plupart de ses autres romans, qu’il s’agisse du recueil « Petites morts » ou de « Mémoire vagabonde ». « La voie du cygne » m’a à ce propos beaucoup fait penser à l’excellente « Mademoiselle Belle », nouvelle du même auteur mettant en scène une soirée de fête et de jeux dans un jardin aussi merveilleux qu’inquiétant. Le principe est un peu le même ici, avec cette partie de l’oie mortelle réunissant les protagonistes. Un jeu au premier abord tout à fait banal et quelque peu ennuyeux mais que l’auteur parvient à rendre captivant et d’une subtilité insoupçonnable.

Avec « La voie du cygne », Laurent Kloetzer signe un excellant roman possédant plusieurs niveaux de lecture et proposant un dosage parfait entre action et subtilité. L’intrigue, le rythme, le décor, les personnages…, tout est maîtrisé à la perfection afin offrir au lecteur une histoire passionnante, sans aucun temps mort. Me voilà impatiente de découvrir les prochains ouvrages de l’auteur !

Antiquiste passionnée d’art, de cinéma, de voyage et surtout grande lectrice des littératures de l’imaginaire (fantasy essentiellement).

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