• La Vieille Anglaise et le Continent et autres récits

    La vieille anglaise et le continent

    Titre : La Vieille Anglaise et le Continent et autres récits
    Auteur : Jeanne A. Debats
    Nouvelles : La vielle Anglaise et le continent ; Aria furiosa ; Saint-Valentin ; Stratégie du réenchantement ; Privilège insupportable ; Gilles au bûcher ; Fugues et fragrance aux temps du Dépotoir ; Nettoyage de printemps
    Éditeur : Folio SF
    Date de publication : 2012
    Récompenses : Grand Prix de l’Imaginaire 2009 (catégorie nouvelle francophone pour l’ensemble du recueil) ; Prix Julia Verlanger 2008, Prix Rosny aîné 2009, Grand prix de la Science-Fiction française (pour « La Vieille Anglaise et le Continent »)

    Synopsis : Certaines propositions ne se refusent pas. Même lorsque vous êtes une très vieille eco-warrior acariâtre et à l’agonie, même si l’offre va à l’encontre de tous les idéaux que vous avez défendus pendant des années : le transfert de votre esprit dans un nouveau corps. Mais ce n’est pas n’importe quel corps qui attend Ann Kelvin, c’est celui d’un grand cachalot, un des derniers de son espèce.

    Note 3.5

    Nous pénétrons ensemble dans les entrailles de Garnier. Mes deux chiens de garde sont mal à l’aise, je les comprends. Le contraste entre la partie publique de l’opéra et les couloirs obscurs réservés au personnel et aux troupes de spectacle est saisissant. D’un côté les ors, les cristaux étincelants et le velours rouge, et de l’autre la nuit, la poussière et les toiles d’araignées. Les sources de lumière, parfois trop violentes, diffusent une atmosphère étrange. On plisse les yeux et tous ceux que l’on croise prennent des allures inquiétantes d’apparitions fugitives entre deux lacs de ténèbres. Les ombres transforment un machiniste pliant sous le fardeau d’un projecteur en un monstre grotesque, une danseuse entrant et sortant de sa loge se fait vaporeuse et fantomatique. Garnier a toujours enflammé l’imagination. Les rats se chuchotent des légendes où le Destin, la Fatalité et la Mort sèment les larmes, les échecs et les drames dans les coursives sombres, croisant de temps en temps le fantôme de l’Opéra. Celui-ci on l’espère en tremblant de terreur. La tradition veut qu’il choisisse parfois une cantatrice et lui donne le talent pour affronter le rôle de sa vie. On ignore le prix à payer pour cette faveur insigne.