Fantasy

La main de l’empereur, tome 2

La main de l'empereur tome 2

Titre : La main de l’empereur
Cycle/Série : La main de l’empereur, tome 2
Auteur : Olivier Gay
Éditeur : Bragelonne
Date de publication : 2017 (octobre)

Synopsis : Les guerres koushites sont finies mais l’Empire ne connaît toujours pas la paix. Les barons profitent de la situation pour se rebeller, et la corruption règne au sein de la capitale. Aux côtés du jeune duc Gundron, Rekk reprend du service. Il peut toujours compter sur les femmes de sa vie, Bishia et Dareen, pour le guider dans la bonne direction. Mais est-ce vraiment la bonne ? Pour protéger ceux qu’il aime, le Boucher est prêt à tout.
Bibliocosme Note 3.5

Reek : héros-marionnette

« Dans la main d’un empereur, les mortels ne sont que des pions. » C’est avec ce deuxième tome mettant en scène l’un des personnages clés des « Épées de glace » qu’Olivier Gay met fin à l’histoire de Rekk qui a parcouru bien du chemin depuis ses débuts dans l’arène en tant que gladiateur. Après ses prouesses aux frontières de l’empire et son rôle dans l’écrasement de la résistance koushite, celui que l’on surnomme « Le Boucher » peut enfin espérer revenir à la capitale et y couler des jours paisibles aux côtés de sa belle épouse. Ou du moins aurait-ce été le cas si l’empereur n’avait pas échafaudé un nouveau plan dans lequel le guerrier doit occuper le premier rôle : c’est que, lorsqu’on a à sa disposition une arme aussi redoutable, il est difficile d’y renoncer. Surtout si l’arme en question est aussi aisément manipulable que l’est Rekk. On cherche à faire de lui le fer de lance de la lutte contre les Koushs ? Il suffit de maquiller le meurtre d’un de ses êtres chers pour qu’il se lance corps et âme dans le combat, sans se poser plus de questions. On veut lui confier une mission suicide pour aider un noble à récupérer ses terres ? Il suffit de se débrouiller pour que l’expédition comprenne certains de ses anciens compagnons d’armes pour que le champion surmonte ses réticences et saute à pied joint dans le piège, sans rien soupçonner. Le personnage a beau être attachant, il n’empêche qu’il brille tout au long des deux volumes par sa naïveté. La chose pourrait être agaçante si elle n’était pas totalement maîtrisée par l’auteur qui s’amuse justement, chapitre après chapitre, à mettre son protagoniste dans des positions qui l’obligent à se confronter à ses contradictions et à prendre conscience de sa candeur.

Du sang et des larmes

Le problème, c’est que, s’il est appréciable de voir ce héros monolithique se remettre un peu en question, il en résulte que la plupart des rebondissements se voient arriver de loin. L’absence de véritables effets de surprises n’empêche fort heureusement pas le lecteur de se laisser transporter par le récit qui, pour compenser, repose sur un rythme très soutenu. On ne s’ennuie donc pas une seconde, et c’est finalement avec une rapidité étonnante que l’on vient à bout de ces quelques trois cent pages qu’il devient difficile de lâcher une fois commencées. Olivier Gay possède, de plus, un sacré sens de la tragédie : Rekk est peut-être complètement naïf, il n’empêche que le guerrier n’est quand même pas gâté ! Rien ne lui sera épargné, si bien que tout ce qui pourrait tourner mal finit inévitablement par le faire. Difficile de ne pas prendre le héros en pitié devant une telle avalanche de coups du sort qui, évidemment, ne participent pas à améliorer l’humeur du sombre guerrier, et encore moins à faire de lui un bout-en-train. L’auteur dresse ainsi le portrait d’un personnage de plus en plus torturé, sans arrêt rattrapé par son passé et incapable de contenir ses montées de violence. Les scènes de combat sont d’ailleurs bien écrites, très visuelles. Ici pas de grosses mêlées sanglantes et brutales, ni de batailles « foutoirs » dans lesquelles personne n’arrive à se repérer façon Abercrombie. Olivier Gay préfère miser soit sur des duels au sommet entre des épéistes confirmés, soit sur des combats qui se changent bien vite en véritables exécutions, sans suspens et sans dangers pour le héros.

De « La main de l’empereur » aux « Épées de glace »

La dernière partie du roman est menée selon un rythme plus rapide encore et on sent que l’auteur se hâte de raccrocher les wagons entre ce diptyque et celui des « Épées de glace ». Certains rebondissements tombent ainsi de manière assez abrupte, mettant un terme au destin de personnages dont on imaginait la fin plus glorieuse ou plus heureuse. C’est le cas notamment de Bishia, la belle prostituée au charme irrésistible, à laquelle on s’attache énormément en dépit de son double jeu au côté de Rekk. De même, la naissance de l’enfant tant attendu arrive très soudainement, et il n’en sera finalement que peu question. L’éditeur est d’ailleurs un petit malin (et il aurait tort de s’en priver sur ce coup), puisqu’il propose à la fin du roman de découvrir le début du premier tome des « Épées de glace » : un bon moyen d’appâter le chaland ! Le procédé est d’ailleurs efficace, et il faut avouer que je suis curieuse de connaître la réaction de l’ombrageux guerrier face à la disparition de sa fille… Un mot, pour finir, sur les personnages secondaires qui constituent l’un des principaux points forts du roman. Qu’il s’agisse des femmes évoluant dans l’entourage du héros ou encore des soldats ayant servi sous ses ordres, tous bénéficient d’un trait de caractère clairement identifiable qui permet de le rendre sympathique… du moins dans la plupart des cas. Car si le roman ne peut pas vraiment être rangé dans la catégorie « dark fantasy », il n’empêche que les exactions commises par quelques personnages, ainsi que le sort tragique réservé à d’autres, assombrissent considérablement l’atmosphère de ce deuxième tome et contribuent à donner une petite touche de noirceur supplémentaire à l’ensemble (contrairement à ce que la couverture, qui évoque plutôt une romance à la arlequin, laisse entendre).

Olivier Gay clôture avec ce deuxième tome un diptyque très réussi, bourré de rebondissements et de personnages attachants, qui se lit comme un vrai page-turner. Difficile de ne pas être tenté par la suite des aventures de Rekk, aussi vais-je certainement finir par me laisser tenter par « Les épées de glace ». Un héros et un auteur à découvrir !

Voir aussi : Tome 1

Autres critiques : Célindanaé (Au pays des cave trolls) ; Sia (Encres & Calames)

Antiquiste passionnée d’art, de cinéma, de voyage et surtout grande lectrice des littératures de l’imaginaire (fantasy essentiellement).

3 commentaires

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