Fiction historique

Laowai, tome 1 : La guerre de l’opium

Titre : La guerre de l’opium
Cycle/Série : Laowai, tome 1
Scénaristes: L.F Bollée, Alcante
Dessinateur: Xavier Besse
Éditeur : Glénat
Date de publication : 4 janvier 2017

Synopsis : 1859. L’Empereur Napoléon III et le royaume d’Angleterre préparent une nouvelle campagne contre la Chine. François Montagne et Jacques Jardin, soldats et amis de longue date, veulent à tout prix en faire partie. Mais les places sont chères. Seuls les meilleurs seront choisis… Deux mois plus tard, après une sélection et un entrainement draconiens, ils embarquent finalement pour l’Empire du milieu. Sur le navire, Montagne se lie d’amitié avec un étrange couple, un vieux diplomate marié à une jeune Chinoise

Bibliocosme Note 4.5

– Ca fait quinze jours qu’on est là ! Qu’est-ce qu’on attend pour bouger !?
– On est pas encore pas encore officiellement en guerre ! Il doit bientôt y avoir des négociations de la dernière chance. Malnay m’a expliqué que les Chinois font traîner les choses.

   Tout juste auréolé du prix du festival de Buc, Laowai entraîne le lecteur dans un XIXème siècle bien connu pour ses conquêtes coloniales africaines, mais certainement moins auprès du grand public pour son Second Empire et ses expéditions chinoises. C’est donc un pan assez mal connu de l’histoire française qu’Alcante et Bollée ont décidé d’explorer de façon sérieuse et documentée (et romancée, bien évidemment!), et mis en images par Xavier Besse, ancien élève de l’Ecole du Louvres et sinologue. Autant dire que Laowai est en de bonnes mains.

    Afin de rejoindre le corps expéditionnaire de la marine qui doit se rendre dans un empire du milieu au bord de la guerre, le jeune fantassin François Montagne a sué sang et eau. Bien plus que la fierté de la patrie, c’est bien une quête d’ordre familial et vindicative qui le mène en Chine où son parrain missionnaire a été exécuté. La France, elle, entend bien faire s’appliquer le traité de Tientsin qui ouvre des ports chinois aux étrangers en faisant sortir la Chine de son « splendide isolement », légalisant le commerce de l’opium et autorisant enfin l’activité des missionnaires dans l’empire. Celle-ci reconnaît déjà des concessions que les Européens administrent en territoire chinois, mais l’ambition coloniale des Européens est sans borne, d’autant plus face à un empereur bien passif. Le jeune Montagne se rend bien vite compte qu’il s’agit d’une affaire de gros sous et une occasion pour Français et Britanniques d’imposer leur volonté à la dynastie des Qing.

Image associée

    A première vue, Laowai peut sembler destiné à un public amateur, du moins un peu connaisseur, il n’en est rien en réalité. Grâce à l’ignorance manifeste de François Montagne quant à la situation dans laquelle se trouve la France en Chine, les deux scénaristes parviennent à happer le lecteur qui découvre ce qui se trame de concert avec le héros. Le sentiment d’immersion en est renforcé, et que l’on s’y connaisse ou non, ce premier tome de Laowai est très prenant. Montagne est lui-même un personnage réussi, tantôt charmeur et léger, tantôt droit dans ses bottes et en fin de compte plus patriote qu’il n’y paraît. Un héros charismatique, aventureux et lui-même noyé dans les événements et les intrigues qui sont révélés au gré des pages. Les personnages secondaires ne sont pas en reste et promettent d’être tout aussi agréables à suivre. Une galerie de personnages tout à fait réussie en somme avec le soldat Jardin, plus artiste que fantassin, l’ambitieux sergent Marais, la mystérieuse veuve chinoise de l’ambassadeur français ou encore le général chinois séditieux. Laowai promet donc sans doute des renversements de situation nombreux, non pas que ce premier tome soit avare en action. Celle-ci arrive néanmoins plutôt en fin d’album puisque c’est en bout de lecture que se lance véritablement l’action chinoise.

    Si je ne suis pas particulièrement fan de la couverture ce premier tome, un peu terne peut-être, il faut admettre que le travail fournit par Xavier Besse sur chaque planche est de haute volée. Le découpage a bénéficié d’un soin tout particulier, alternant les nombreux plans moyens, cases superposées sur une illustration en pleine page, le tout avec des angles de vues parfaitement choisis et très cinématographiques, pour un rendu aussi fluide que dynamique. Le trait est quant à lui très agréable et assuré, tous les personnages sont réussis, leurs costumes détaillés et respectueux de la réalité historique (Xavier Besse s’est documenté très sérieusement à ce sujet). Les environnements très variés, depuis la France à la Chine en passant par la traversée en bateau, regorgent de détails et contribuent grandement à ce sentiment d’immersion. La colorisation effectuée par le dessinateur lui-même vient enfin donner vie à tout cela et de très belle façon, les teintes sont douces et parfaitement choisies, avec notamment de très belles ambiances lumineuses.

La Guerre de l’opium est une très belle entrée en matière, tant du point de vue du dessin que de l’écriture, seul peut-être son sujet pourrait s’en faire détourner le public, par méconnaissance. Pourtant, Laowai s’adresse à tous !

Autres critiques :

Élevé à l'université Kaamelott option Simpson, plus ou moins historien moderniste, geek invétéré (on ne se refait pas). Revenu il y a fort longtemps à la bande dessinée par le manga, et tombé désormais dans la marmite BD-comics-manga, s'essaye à la critique.

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