Science-Fiction

On Mars, tome 1 : Un nouveau monde

Titre : Un nouveau monde
Cycle/Série : On Mars, tome 1
Auteur : Sylvain Runberg
Dessinateur: Grun
Éditeur : Daniel Maghen
Date de publication : 31 août 2017

Synopsis : En 2132, la colonisation de Mars est devenue une réalité. L’avenir du genre humain repose sur une poignée de scientifiques et d’une main-d’œuvre qui n’a pas choisi ce voyage sans retour : les prisonniers condamnés à une peine de plus de dix ans de réclusion.
Condamnée aux travaux forcés, Jasmine Stenford est en route pour Mars, en compagnie de milliers d’autres prisonniers. Il y a peu, pourtant, cette flic de 29 ans était l’une des meilleures inspectrices de son unité anti-criminalité basée à Londres.

Bibliocosme Note 4.5

– Jasmine, des suicides, des accidents mortels, il y en a tous les jours ici. Il faut apprendre à ne pas y prêter attention.
On ne vous a pas informés de ça sur Terre?
– Non, l’info n’est pas arrivée jusqu’à la planète bleue.
– Heureusement que je suis là pour t’apprendre comment ça se passe sur la rouge alors !

La planète rouge a nourri l’imaginaire de très nombreux auteurs et dans des médias très différents, de Ray Bradburry à Ridley Scott. On Mars est d’ailleurs le titre du dernier long métrage du réalisateur britannique, à l’instar de la BD du jour, par Sylvain Runberg et Grun. Un récit de science-fiction dans un avenir pas si éloigné, agrémenté de débats de société quant à eux très actuels. Si la toile de fond de la terraformation martienne ne fera tomber personne de sa chaise, d’autres éléments de ce premier volume d’un triptyque pourraient s’en charger.


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A la manière de l’Australie en son temps, la planète Mars est devenue une colonie pénitentiaire, le plus grand camp de travail jamais construit dans le système solaire. L’humanité, enferrée dans son élan, n’a pas su changer de trajectoire et la Terre dépérit, ressources et énergies lui sont arrachées. Condamnée à terme, la colonisation martienne apparaît comme l’unique échappatoire, et pour mieux préparer la planète, quoi de mieux qu’y faire travailler les rebuts de la société, les criminels condamnés à la prison ? Après s’être fait poser un respirateur adapté aux conditions martiennes, Jasmine Stenford, condamnée à vingt ans d’exil martien, arrive sur la planète rouge et s’apprête à suer sang et eau avec des milliers de ses semblables sous la surveillance permanente de drones armés et de colons libres qui supervisent des travaux titanesques.

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Comme dit plus haut, la terraformation de la planète mars pour préparer la venue de l’humanité n’est pas forcément très novatrice. Derrière cette non moins intéressante situation (parce que c’est Mars et que c’est forcément cool) se dessinent des sujets bien plus en phase avec la société telle qu’on la connaît aujourd’hui. De prime abord, le plus évident est celui de l’incarcération et de l’aliénation dont elle peut s’accompagner lorsqu’elle est couplée à une mise au travail plus proche ici de l’esclavagisme pur et simple que des travaux d’intérêts généraux. Cette colonie martienne n’est rien de moins qu’un goulag dans lequel une élite libre impose un rythme effréné aux prisonniers sous prétexte qu’ils ont une dette à rembourser. De la même manière que dans nos prisons terriennes d’aujourd’hui se mettent en place de véritables sociétés avec ses grades et ses responsabilités et dans lesquelles les nouveaux venus doivent se tailler une place. L’analogie avec la période esclavagiste est une fois encore possible, avec des prisonniers chargés par les autorités de surveiller leurs congénères avec le titre de référent, à la manière des contremaitres des plantations antillaises. L’omniprésence aussi de caméras via le survol permanent par des drones, armés qui plus est, n’est pas sans faire écho à la société de la surveillance vers laquelle on tendrait aujourd’hui et qui est tant décriée. Aucune vie privée n’est possible à l’intérieur de cette prison géante, pas même dans ce hangar qui sert de salle de douches. Le retour de ce quasi esclavage au service de l’humanité bienfaisante a en réalité pour conséquence la naissance d’une société avec les mêmes travers, avec ses groupuscules religieux extrémistes (ou au moins aux ambitions peu claires encore), ses gangs et ses réseaux de contrebande. Le traitement de ces thèmes se fait en gravitant autour du personnage de Jasmine, encore taciturne mais qui n’en noue pas moins des relations avec des tiers qui sont réussis et avec une identité visuelle forte. Aucun risque de confondre les personnages entre eux. Les rapports entre humains sont bruts, à la manière d’un film ou d’une bonne série sur le milieu carcérale (pas Orange machin là…). Pour mieux s’attacher au personnage principal, Sylvain Runberg dissémine ça et là le récit par quelques flashbacks bienvenus qui éclaircissent le passé de l’héroïne.

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Autant galeriste qu’éditeur, Daniel Maghen ne s’est pas trompé en jetant son dévolu sur « On Mars » tant le travail de mise en images réalisé par Grun est superbe. Les personnages sont, d’une part, tous réussis, et ceux qui sont cantonnés au rôle de figurants ne sont pas en reste. Le découpage reste classique mais fluide et donc forcément agréable à la lecture. Le formidable atout visuel de On Mars est indéniablement l’univers dépeint par Grun. Les flashbacks terrestres se démarquent par leurs tons globalement plus colorés et flashy que le reste de l’album. Les planches martiennes tendent à la bichromie entre les tons de gris et d’orangé, distinguant le minéral d’un côté, l’industriel et le technologique de l’autre. Et quels incroyables panoramas martiens que ceux proposés par Grun. Ces paysages marqués par les outils, les machines et les véhicules humains de tailles variables, du transporteur au vaisseau spatial, fourmillent de détails superbes. Le sentiment d’enfermement malgré une majorité de scènes en extérieur est en outre très bien rendu grâce à la présence des drones innombrables qui viennent assombrir le ciel. Les planches sont claires, lumineuses et on peut s’attarder longtemps avant de tourner une page.

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Un thème certes classique mais traité intelligemment et non sans faire écho à une foule de débats qui reviennent souvent sur le devant de la scène aujourd’hui, servi par un dessin réaliste à tomber.

Autres critiques :

Élevé à l'université Kaamelott option Simpson, plus ou moins historien moderniste, geek invétéré (on ne se refait pas). Revenu il y a fort longtemps à la bande dessinée par le manga, et tombé désormais dans la marmite BD-comics-manga, s'essaye à la critique.

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