Fiction historique

Pline, tome 1 : L’Appel de Néron

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Titre : L’appel de Néron
Série : Pline, tome 1
Auteur : Mari Yamazaki et Tori Miki
Dessinateur : Mari Yamazaki et Tori Miki
Éditeur : Casterman
Date de publication : 2017 (janvier)

Synopsis : Pline était un naturaliste de la Rome antique dont la vie entière fut guidée par une imagination sans limite et un amour inconditionnel de la recherche. Son Histoire naturelle est une encyclopédie monumentale née d’une inextinguible soif de connaissance appliquée à l’ensemble des phénomènes se produisant sur notre planète. Aujourd’hui, nous ne disposons que de très peu de sources nous permettant de nous faire une idée de l’homme qu’était Pline, aussi devons-nous nous en remettre à notre imagination

Félix ! Celui qui fuit une occasion de s’instruire est la lie de l’humanité ! Nous venons d’assister à un phénomène fascinant qu’on ne voit que très rarement se produire à Rome ! Saisis-tu à quel point ce qui se passe devant tes yeux est extraordinaire ?!

Mari Yamazaki et Tori Miki furent les figures de proue du stand Casterman d’Angoulême de cette année avec la sortie en France de leur nouvelle série. Il paraît, en tout cas, parce que je ne les y ai pas croisés personnellement. D’autant que je dois bien avouer que je ne les connaissais pas vraiment. C’est au détour d’une émission de radio qui était consacrée à Mari Yamazaki que j’ai eu vent de la sortie de Pline. Mari Yamazaki n’est pourtant pas, loin de là, une débutante. Thermae Romae, son manga précédent, a connu un succès mondial. L’auteure elle-même est d’ailleurs tout à fait intéressante de par son parcours. Évidemment japonaise, la mangaka a passé une longue partie de sa vie en Italie, à Florence notamment pour étudier les beaux-arts. L’œuvre de Yamazaki est une véritable ode à l’Italie antique, et on le comprend mieux avec ce bagage culturel. Comme sur Thermae Romae, Tori Miki est venu lui apporter son concours.

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C’est à un personnage haut en couleurs que Mari Yamazaki consacre sa nouvelle série, Pline l’Ancien. Pline n’est autre que le grand savant du premier siècle de notre ère, auteur de l’Histoire Naturelle dont seuls quelques fragments nous sont parvenus. Cet ouvrage n’est rien de moins qu’une Encyclopédie avant les Lumières. Tout cela, forcément, à l’antique. Pline, pétrit des croyances polythéistes desquelles il sait se distancier, essaie d’expliquer les mystères du monde. La vie de Pline est en revanche très mal connue et c’est là un excellent point de départ pour Mari Yamazaki. Dans ce premier volume, il n’y a en effet guère de fil conducteur, c’est la curiosité intarissable de Pline qui fait avancer le récit. Pline ne se donne lui même aucun objectif particulier. Ce sont les paysages et les personnages rencontrés par le naturaliste et son secrétaire Euclès (qui fait office de narrateur) qui constituent le moteur de ce premier volume. Il existe néanmoins une toile de fond aux pérégrinations des personnages. Alors que le récit s’ouvre sur l’éruption de l’Etna, Pline est convoqué à Rome par l’empereur Néron, convocation qu’il fait tout pour retarder. Ce premier volume est ainsi riche de références très sérieuses au contexte historique de l’époque, avec Néron et sa folie naissante au premier plan, son goût pour la musique, les amitiés entre Pline et Vespasien, futur empereur et bâtisseur du Colisée, ou encore de Sénèque, ancien conseiller impérial de Néron avant d’être discrédité.

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Malgré son ancrage dans l’Antiquité romaine, le Pline de Mari Yamazaki et de Tori Miki se veut aussi une œuvre très contemporaine. Le choix de commencer le récit sur l’éruption de l’Etna et du nuage toxique qui n’est rien de moins que la volonté des deux auteures de rendre hommage à la première planche d’Akira de Katsuhiro Otomo et son explosion nucléaire qui rase la ville. Cet hommage, auquel s’ajoute la tragédie de l’éruption volcanique à laquelle assiste Pline, se veut, de l’aveu des auteurs, l’écho de l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima en 2011 (lors de cette interview France Culture). Ce choix s’explique par la volonté de faire percevoir aux Japonais d’aujourd’hui le risque nucléaire auquel est confronté l’archipel nippon en mettant en scène l’éruption du Vésuve faisant disparaître Pompéi. La froide attitude du Romain face à ces terribles événements peut d’ailleurs rappeler le relatif désintérêt des Japonais eux-mêmes quant à cet événement. Pline fut d’ailleurs lui-même témoin de cette éruption, et c’est pas son biais qu’elle nous est connue aujourd’hui. Pour nous autres, lecteurs européens, il me semble plus difficile de percevoir cette dimension contemporaine, mais ces propos, rapportés par Mari Yamazaki n’en restent pas moins intéressants.

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Pline, ainsi que cela a été évoqué plus haut, à la particularité d’avoir une partie dessinée également à quatre mains. Mari Yamazaki est accompagnée de Tori Miki, qui avait déjà œuvré sur Thermae Romae. Les deux mangaka se sont répartis le travail : Tori Maki réalise les décors, superbement fidèles aux architectures romaines impériales et magnifiquement détaillés. C’est lui, également qui s’est occupé de tout ce qui flirte avec le fantastique. Les croyances de Pline et des Romains en général font en effet régulièrement intervenir le surnaturel, et d’étranges personnages sortent des crayons de Tori Miki. Mari Yamazaki se concentre donc sur les réalisation des personnages de son récit dans un style réaliste très réussi lui aussi. En fin de volume, un entretien intéressant entre les deux auteurs qui explique comment ce travail à quatre mains s’est organisé.

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Ce premier volume de Pline immerge le lecteur dans l’antiquité romaine aux côtés de l’un des plus grands érudits du temps jadis, le tout servi par un superbe dessin. Seule l’action est un peu chiche jusqu’ici, en attendant que Pline atteigne l’urbs. C’est justement sur la fin de voyage que ce clôt cet album.

Voir aussi : Tome 2

Autres critiques : Gromovar (Quoi de Neuf sur ma Pile ?) ; Nébal (Welcome to Nebalia) ; Ô Grimoire !

Élevé à l'université Kaamelott option Simpson, plus ou moins historien moderniste, geek invétéré (on ne se refait pas). Revenu il y a fort longtemps à la bande dessinée par le manga, et tombé désormais dans la marmite BD-comics-manga, s'essaye à la critique.

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