Fantasy

Haute-École

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Titre : Haute-École
Auteur : Sylvie Denis
Éditeur : L’Atalante (La Dentelle du Cygne) (fiche officielle)
Date de publication : février 2004

Synopsis : Dans une société proche de celle de la France à la veille de la Révolution, le sort des magiciens n’intéresse que quelques intellectuels contestataires. Les enfants dotés de pouvoirs magiques sont enlevés à leurs familles afin d’être éduqués à la Haute-École et contrôlés par la noblesse. Au moment où le règne d’Urbain IV s’achève, Mérot l’Ancien, le directeur de la Haute-École, meurt et les complots se multiplient : marchands rêvant de pouvoir politique, soldats amers, paysans appauvris, magiciens asservis. Hérus Tork, qui intrigue pour succéder à Mérot, achève sa patrouille annuelle à la recherche des magiciens cachés. Lors de sa dernière halte il capture Raoul des Crapauds, le fils d’un boulanger, mais ne repère pas Ian qui décide de partir à la capitale à la recherche des magiciens clandestins… Intrigues de cour, magiciens d’une puissance inouïe, personnages engagés pour un monde meilleur, Haute-École est un livre d’action et d’émotions intenses.

Note 3.5

La magie n’est pas dans la nature de l’homme. Elle lui a été donnée par des dieux fantasques et capricieux qui se sont empressés de l’abandonner dès qu’ils ont vu qu’il n’était pas capable de s’en servir à bon escient. Souvenez-vous-en chaque fois que vous verrez des hommes se comporter de façon étrange : la magie vient d’ailleurs ; très rares sont les êtres capables de l’apprivoiser totalement.

Depuis longtemps déjà, je louchais sur ce roman de Sylvie Denis, car Haute-École évoque l’atmosphère inquiétante d’une régie scolaire bien dirigée, sa couverture estampillée Didier Graffet est envoûtante et c’est enfin un roman récompensé par le prix Julia-Verlanger en 2004. Du coup, acquis aux Utopiales de Nantes 2014, ce « Haute-École » dédicacé a fini par sortir dignement de ma PAL.

Le premier roman de Sylvie Denis met en scène le destin tragique de quelques magiciens épris de liberté et qui cherchent à échapper à la Haute-École, établissement d’éducation très stricte de ceux qui ont repérés pour l’usage de la magie. Cet organisme est dirigé d’une main de maître par Hérus Tork. Face à lui, s’élève notamment Arik, courtisan affirmé mais en fait magicien parmi les plus puissants. Ce dernier va rapidement pouvoir compter sur le soutien de Madge, espionne et couturière, et de quelques autres magiciens résistants, plus ou moins aguerris. En-dehors de ces deux personnalités atypiques, ce sont sûrement les personnages les plus jeunes qui sont les plus réussis, notamment ce cher Raoul des Crapauds, qui s’est longtemps trouvé esseulé mais est particulièrement poétique dans son rapport aux animaux.

Sylvie Denis brasse beaucoup de thèmes différents et réussit à créer un roman de fantasy dans une veine à la fois adulte et jeunesse. Roman jeunesse d’abord, car il s’attache à délivrer un propos sur l’embrigadement des enfants et comment ils doivent trouver les armes en eux-mêmes pour s’en sortir ; il tourne aussi beaucoup sur l’idée d’initiation à un monde que l’on découvre et que l’on appréhende. Mais également roman adulte, car les réflexions politiques proposées et les références utilisées sont clairement pour un public plus mature. Dans tous les cas, les différents niveaux de lecture sont au gré des choix du lecteur et il n’empêche que les principaux thèmes sont plutôt universels : l’esclavage plus ou moins dissimulé, l’espionnage des populations, l’éducation orientée contre son gré, la résistance contre la terreur. Le contexte géopolitique et l’environnement géographique sont malheureusement trop peu utilisés, même si le tout est utile à la toute fin. C’est surtout l’ambiance de complot qui pourrait se déclencher à tout instant que le lecteur retiendra avec attention, ambiance qui permet de faire s’animer une vaste galerie de personnages aux intérêts très divers, ce qui est un défi en lui-même.

La portée de ce « Haute-École » ne se comptabilise donc pas par sa notoriété – d’ailleurs, je m’étonne qu’il n’y ait pas encore de version poche de ce roman – mais plutôt par la richesse des réflexions proposées !

Autres critiques :

Kaamelotien de souche et apprenti médiéviste, tentant de naviguer entre bandes dessinées, essais historiques, littératures de l’imaginaire et quelques incursions vers de la littérature plus contemporaine. Membre fondateur du Bibliocosme.

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