Fantasy

Un pont sur la brume

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Titre : Un pont sur la brume
Auteur : Kij Johnson
Éditeur : Le Bélial’ (collection Une heure lumière)
Date de publication : 2016 (août)
Récompenses : Prix Hugo 2012. Prix Nebula 2012

Synopsis : Kit Meinem d’Atyar est peut-être le plus doué des architectes de l’Empire. Peut-être… Ce qui ne fait aucun doute, en revanche, c’est qu’il lui faudra convoquer toutes ses compétences, l’ensemble de son savoir pour mener à bien la plus fabuleuse réalisation qui soit, l’oeuvre d’une vie : un pont sur le fleuve de brume qui de tout temps a coupé l’Empire en deux. Un ouvrage d’art de quatre cents mètres au-dessus de l’incommensurable, cette brume mortelle, insondable, corrosive et peuplée par les Géants, des créatures indicibles dont on ne sait qu’une chose : leur extrême dangerosité.

Note 4.0

Kit n’avait jamais vu le fleuve de brume, bien qu’il ait construit des ponts auparavant plus près de la capitale. Ayant travaillé à Atyar, il savait ce qu’il fallait savoir. Cette chose n’était pas l’eau, ni quoique ce soit d’approchant. Elle se formait, on ne savait comment, dans les profondeurs du lit du fleuve qui se trouvait devant lui, et s’insinuait sur des centaines de kilomètres vers le nord, en amont, dans des centaines de criques et de ruisseaux de plus en plus étroits, avant de s’épuiser en lambeaux de mousse sèche qui laissaient nues les zones de terre où elles se rassemblaient.

 

En sa qualité d’architecte parmi les plus doués de l’empire d’Atyar, Kit Meinem se voit confier la construction d’un pont tout à fait exceptionnel. Bien que classique dans sa forme, la structure a ceci de particulier qu’elle sera la première à faire la liaison entre les parties Est et Ouest de l’empire, coupée en deux depuis des années par un mystérieux fleuve de Brume. Quelle est cette substance et comment est-elle apparue ? Qu’y a-t-il au delà de l’Océan de brume dans lequel se jette le fleuve ? Que sont les créatures étranges qui peuplent ce cours mortel ? Nul ne le sait, mais l’édification de ce pont promet de changer irrémédiablement le quotidien des habitants des villages de Procheville et Loinville, situés de part et d’autre de la rive. L’idée est assez originale pour titiller la curiosité du lecteur et le traitement suffisamment habile pour répondre parfaitement à ses attentes. En une centaine de pages, Kij Johnson parvient à façonner un univers consistant et doté d’un fort potentiel, quand bien même la totalité de l’intrigue se déroule dans un seul et même endroit. Un endroit a priori tout à fait banal mais pourtant rendu fascinant en raison de sa proximité avec la brume, puissance dangereuse et imprévisible ayant causé la disparition de plus d’un riverain, ces derniers s’étant résignés au fil du temps à ce mode de vie incertain.

Bien qu’exempte de véritables surprises, l’intrigue suit son cours à un rythme constant, ne laissant jamais au lecteur l’occasion de décrocher. On se familiarise très vite avec le décor, de même qu’avec tous ces personnages, artisans, main d’œuvre ou passeurs, qui constituent désormais le quotidien de l’architecte. Celui-ci se révèle d’ailleurs être un protagoniste attachant, absorbé par la construction de son pont mais aussi cruellement conscient des changements parfois non voulus que son œuvre ne manquera pas de mettre en branle. Si on suit avec un plaisir certain les différentes étapes de l’édification, les passages les plus marquants restent cela dit ceux impliquant cette brume corrosive sur laquelle il est malgré tout possible de naviguer… à condition de ne pas tomber sur les créatures terrifiantes évoluant en son sein : « Il entrevit des ombres dans les profondeurs turbides : un Géant, qui sait, ou quelque chose de plus petit, peut-être un simple endroit où la brume gagnait en consistance. Ses yeux ayant appris quoi chercher, il distingua bientôt d’autres ombres, comme si un banc de poissons évoluait tout en bas. » Le lecteur navigue ainsi en territoire complètement inconnu et c’est justement ce qui fait tout le charme de ce petit roman dont on comprend sans mal qu’il fut récompensé en 2012 par les prestigieux Prix Hugo et Nebula.

 

Kij Johnson signe avec « Un pont sur la Brume » un ouvrage de très bonne facture, mi-fantasy mi-science-fiction, qui se démarque par l’originalité de son cadre aussi bien que des thématiques abordées. Un ouvrage à ne pas manquer et qui vient s’ajouter à la déjà belle collection « Une heure lumière » proposée par les éditions Le Bélial’ (avec en prime une superbe couverture d’Aurélien Police !)

Autres critiques : Aelinel (La bibliothèque d’Aelinel) ; Apophis (Le culte d’Apophis) ; Arieste (Au coeur de mes Lectures et de mes Rêveries) ; Blackwolf (Blog-O-Livre) ; Célindanaé (Au pays des cave trolls) ; Elhyandra (Le monde d’Elhyandra) ; Jean-Philippe Brun (L’ours inculte) ; Oriane (La Pile à Lire) ; Tigger Lilly (Le dragon galactique) ; Yossarian (Sous les galets, la plage)

Antiquiste passionnée d’art, de cinéma, de voyage et surtout grande lectrice des littératures de l’imaginaire (fantasy essentiellement).

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