Fiction historique

Communardes ! Nous ne dirons rien de leurs femelles

Communardes ! Je ne dirais rien de leurs femelles

Titre : Nous ne dirons rien de leurs femelles
Série : Communardes !
Scénariste : Wilfrid Lupano
Dessinateur : Xavier Fourquemin
Éditeur : Vents d’Ouest
Date de publication : 2016 (avril)

Synopsis : Marie n’est pas une intellectuelle, ni une aristocrate, encore moins une militante. La Commune, elle aurait pu ne pas la vivre, et continuer à accumuler de la rancoeur et de l’amertume dans sa vie de servante, d’ouvrière à la journée. Seulement, la Commune est là et, avec elle, une occasion en or de régler les comptes, de laisser sortir enfin cette froide colère qui lui tord le ventre, de redresser la tête, de faire payer ceux qui ont fait de sa meilleure amie Eugénie : un fantôme dont le rire dément résonne dans une crypte de damnées. La Commune promet que les lâches et les oppresseurs d’hier vont payer. Ça tombe bien, Marie en connaît quelques-uns. Et elle est prête à se salir les mains…

Note 4.0

Je demande à la cour de faire preuve de mansuétude pour ces misérables créatures. Ne leur a-t-on pas fait miroiter les plus incroyables chimères ? Des femmes magistrats ! Oui, des femmes avocats, députés peut-être, et que sait-on des commandants ? Des généraux d’armée ? Il est certain qu’on croit rêver en présence de pareilles aberrations.

 

« Nous ne dirons rien de leurs femelles par respect pour les femmes à qui elles ressemblent – quand elles sont mortes. » C’est par cette phrase pleine de dédain qu’Alexandre Dumas fils exprime la faible estime qu’il porte aux communardes, ces femmes qui combattirent aux côtés des révolutionnaires lors de la révolte de 1871. Cette citation est aussi le titre d’une bande dessinée publiée cette année dans une nouvelle collection lancée par Vents d’Ouest et consacrée au rôle que tinrent les femmes lors de l’épisode de la Commune. Deux albums sont d’ores et déjà parus : le premier relatant l’histoire d’un personnage fictif, la petite Victorine, confrontée à l’abattage des animaux du jardin des plantes lors du siège de Paris ; le second mettant à l’honneur Elizabeth Dmitrieff, figure historique et emblématique de la lutte des femmes lors des combats de 1871. Si on retrouve une fois encore Wilfrid Lupano au scénario, l’illustrateur, lui, varie à chaque album. A Lucie Mazel et Anthony Jean succède donc Xavier Fourquemin qui fait ici un très beau travail, même si l’héroïne n’est pas forcément le personnage le mieux réussi esthétiquement. Comme dans « Les éléphants rouges », Lupano opte pour un protagoniste fictif mais néanmoins réaliste puisque nous avons affaire à la jeune Marie, membre de l’Union des femmes et très remontée contre son ancien employeur, un riche colonel particulièrement soucieux de sa réputation et de celle des membres de sa famille.

Communardes ! Je ne dirais rien de leurs femelles planche 1

Ce troisième album de la collection « Communardes ! » se révèle à mon sens bien plus touchant que les précédents car plus dramatique : difficile de ne pas s’émouvoir du sort de cette farouche jeune femme bien décidée à se battre pour ses convictions. Difficile également de rester de marbre face au destin de la belle Eugénie qui, par amour, rencontrera une fin tragique, hélas partagée par beaucoup d’autres dans cette société patriarcale ne faisant aucun cas du droit des femmes. Ce troisième tome nous donne également l’opportunité de recroiser les deux héroïnes des précédents albums, à savoir Victorine et Elizabeth Dmitrieff, toutes deux présentes sur les barricades lors de l’offensive lancée par les Versaillais à l’occasion de la Semaine sanglante. L’un des principaux attraits de la bande dessinée réside également dans le fait qu’il nous donne à voir pour la première fois l’« après » Commune. Si l’on sait tous que la révolte a été écrasée dans le sang, que connaissons-nous du traitement de ceux qui prirent part au combat sans y mourir ? Le procès de la jeune Marie nous fournit ainsi l’occasion d’en apprendre beaucoup sur le sujet, notamment en ce qui concerne les peines infligées aux milliers de personnes arrêtées (34 952 hommes, 819 femmes et 538 enfants) ainsi que sur les discours tenus à l’époque par l’élite de la société et quelques « spécialistes » (le socialisme est une maladie mentale, les femmes sont de pauvres êtres aisément manipulables et incapables de faire de la politique…).

Communardes ! Je ne dirais rien de leurs femelles planche 2

Un troisième tome aussi documenté que les précédents et qui lève un peu plus le voile sur l’épisode de la Commune dont on découvre à chaque album un aspect différent. Espérons que les prochains volumes ne se feront pas trop attendre et qu’ils seront du même acabit.

Voir aussi : Les éléphants rouges ; L’aristocrate fantôme

Autres critiques : Bianca (Des livres, des livres)

Antiquiste passionnée d’art, de cinéma, de voyage et surtout grande lectrice des littératures de l’imaginaire (fantasy essentiellement).

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