Science-Fiction

Lum’en

Doc couve Lum'en

Titre : Lum’en
Auteur : Laurent Genefort
Éditeur : Le Bélial’ (fiche officielle)
Date de publication : 13 mai 2015
Récompenses : Prix Julia-Verlanger 2015

Synopsis : « La vie intelligente sur Garance apparut cent mille ans avant que la planète ne porte ce nom. Cette vie-là n’était pas humaine, ni même organique. Lum’en était unique en son genre… »
Imaginez une étoile avoisinant sept dixièmes de masse solaire… Si vous levez les yeux, il se peut que vous aperceviez son éclat blanc-jaune sur la face antérieure du bras spiral d’Orion, à sept mille parsecs du centre galactique. Le système de Grnc.mld1 compte six planètes : cinq telluriques et une gazeuse. De ces six planètes, Garance est la seule qui évolue dans la zone d’habitabilité.
Lum’en relate la colonisation de Garance, une planète comme tant d’autres, du moins en apparence… L’histoire de ces femmes, de ces hommes rudes lancés à la conquête d’un monde, le récit des luttes de ces pionniers qui, au fil des générations, vont écrire la plus exceptionnelle des aventures, la plus terrible, aussi, celle de l’ancrage, du développement puis, inéluctable, du déclin d’une colonie dans les confins. L’essence même de la nature humaine, en somme, la quête d’horizons nouveaux. Quitte à rater l’essentiel…

Note 4.0

Dans la plupart des mythes du Berceau, l’homme avait été modelé à partir d’une poignée de glaise, conférant à la sculpture le statut de premier des arts, le plus essentiel.

« Lumen », avant d’être ce roman, c’est une unité de mesure du flux lumineux et cela l’auteur le sait forcément. Alors à quoi peut-on mesurer l’évolution d’une planète ? À son environnement ? ce n’est pas ce qui nous préoccupe le plus, assurément. À son degré de colonisation par les êtres vivants que nous qualifions « d’humains » ? c’est franchement réducteur. Enfin, peut-être, aux formes de vie extrahumaines, possédant des formes même que nous ne percevons pas ou peu ? C’est évidemment bien plus difficile, mais Lumen raconte l’histoire de l’une d’entre elles, tout en considérant les autres possibilités que nous venons de lister.

Cette entité particulière, c’est Lum’en, justement. Elle contemple, de son niveau de conscience supérieur, l’avancée du monde qu’il occupe. Et forcément, ce roman est aussi l’histoire d’une colonie, sur une idée toute simple au départ, mais le fait est que nous suivons vraiment l’histoire du premier au dernier humain sur place. Du site alpha à la fin de la colonie humaine, l’histoire suit la nomenclature organisée par l’auteur dans son univers de space opera. Et oui, depuis son cycle d’Omale, Laurent Genefort a bâti une toile de fond qui aurait permis aux Terriens d’essaimer dans la galaxie grâce aux Portes de Vangk. Lum’en prend place dans ce cadre.

Même si je n’en ferais pas du tout un chef-d’œuvre absolu, nous pouvons comprendre facilement pourquoi ce roman a reçu le Prix Julia-Verlanger 2015 au cours du festival des Utopiales de Nantes. Construit comme un enchaînement de nouvelles, mais qu’il serait toutefois impossible de lire indépendamment, Lum’en permet de suivre l’entité éponyme en train de faire progresser sa psyché au fur et à mesure des différents événements des colons. À ce titre, Laurent Genefort a donc pu se permettre de varier les genres dans chacune de ses nouvelles : si certaines peuvent avoir un schéma similaire, le lecteur décèle quand même des tentatives de créer tantôt un récit survivaliste quasiment post-apocalyptique, tantôt un récit de front pionnier, tantôt encore un récit ethnologique en prenant le point de vue de d’autres créatures vivant sur cette planète, tantôt enfin un récit révolutionnaire. Cela lui permet de brasser efficacement des thèmes actuels (et qu’il a déjà abordés avec raison) : les dérives du capitalisme, la maîtrise de l’environnement (et pas uniquement sa protection), le pouvoir de multinationales sans visage et forcément la part que prend trop souvent la religion dès qu’il s’agit d’utiliser les gens.

L’auteur varie ainsi les genres sans pour autant faire varier son style, avec un vocabulaire toujours riche mais reconnaissable quand on le pratique régulièrement. Le désavantage d’une telle construction de roman est qu’on s’attache peut-être à l’esprit Lum’en, à la planète en général, mais pas vraiment à ses personnages qui ne font que graviter autour d’un destin bien plus grand et jamais palpable. Rien de grave pour autant, rien qui bloque l’immersion dans cette aventure spatiale coloniale, et si vraiment vous ne vous y voyez pas, contemplez la nouvelle couverture que Manchu a produit en matière de plane topera et cela devrait aller mieux.

Lum’en a le potentiel pour réconcilier les réticents à certains romans de Laurent Genefort ; cet ouvrage-ci a l’avantage de proposer une saga large en seulement quelques chapitres concis et maîtrisés, qui prouve encore le talent d’architecte d’univers de son auteur.

Autres critiques : Célindanaé (Au pays des Cave Trolls) ; Chiwi (Les Balades livresques de Chiwi) ; Cornwall (La Prophétie des Ânes) ; Eleyna (La Bulle d’Eleyna) ; Lorhkan (Lorhkan et les mauvais genres) ; Lune (Un papillon dans la lune) ; Xapur (Les Lectures de Xapur)

Kaamelotien de souche et apprenti médiéviste, tentant de naviguer entre bandes dessinées, essais historiques, littératures de l’imaginaire et quelques incursions vers de la littérature plus contemporaine. Membre fondateur du Bibliocosme.

12 commentaires

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