Récit contemporain

Petit Piment

Petit Piment

Titre : Petit Piment
Auteur : Alain Mabanckou
Éditeur : Le Seuil (Fiction & Cie) (fiche officielle)
Date de publication : août 2015

Synopsis : Jeune orphelin de Pointe-Noire, Petit Piment effectue sa scolarité dans une institution placée sous l’autorité abusive et corrompue de Dieudonné Ngoulmoumako. Arrive bientôt la révolution socialiste, les cartes sont redistribuées. L’aventure commence. Elle le conduira notamment chez Maman Fiat 500 et ses dix filles, et la vie semble enfin lui sourire dans la gaité quotidienne de cette maison pas si close que ça, où il rend toutes sortes de services. Jusqu’à ce que ce bonheur s’écroule. Petit Piment finit par perdre la tête, mais pas le nord : il sait qu’il a une vengeance à prendre contre celui qui a brisé son destin.
Dans ce roman envoûté et envoûtant, l’auteur renoue avec le territoire de son enfance, et sait parfaitement allier la naïveté et la lucidité pour nous faire épouser le point de vue de ses personnages.

Note 1.5

Je ne me retiendrai pas de citer les paroles judicieuses de Jomo Kenyatta, le grand militant et président du Kenya, un pays frère : Lorsque les Blancs sont venus en Afrique, nous avions les terres et ils avaient la Bible. Ils nous ont appris à prier les yeux fermés : lorsque nous les avons ouverts, les Blancs avaient la terre et nous la Bible.

Je n’ai toujours entendu que du bien d’Alain Mabanckou. J’ai toujours apprécié l’écouter dans des conférences. J’ai donc toujours été curieux de découvrir enfin son écriture alléchante et ses histoires truculentes. J’en sûrement fais une erreur en attaquant son œuvre par son livre paru en 2015, Petit Piment.

Petit Piment est un petit orphelin de Pointe-Noire au nom imprononçable ; Tokumisa Nzambe po Mose yamoyindo abotami namboka ya Bakoko n’a pas une vie facile : l’orphelinat est dirigé d’une main de fer, les rencontres sont souvent violentes et les moments de joie plutôt rares. En tant que lecteur, nous suivons son récit de sa prime jeunesse jusqu’à sa fin, au prix de moult aventures.

Autant le dire tout net, ce roman d’Alain Mabanckou ne m’a pas enthousiasmé du tout : pas d’empathie provoquée envers les personnages, trop peu de bonnes idées pour bouleverser le récit, et de trop rares moments de joie, au point même où, parfois, ce n’est que la longueur des noms congolais choisis qui tire quelque once de sourire. Bien sûr, l’auteur ne cherche pas à cacher la misère, bien au contraire ; il pose un décor glaçant et volontairement malsain autour du narrateur, mais quand même l’ambiance reste plutôt pauvre dans l’ensemble du roman. Lui qui connaît si bien Pointe-Noire, assurément, aurait dû nous faire vivre, sentir, ressentir ce poumon économique et ce vivier démographique qu’est la cité ponténégrine ! Et justement, en rapport à cette morne ambiance et au titre théoriquement bien choisi, du piment, il n’y en a pas tellement dans la vie de ce jeune homme : certes, il subit les soubresauts des révolutions dans son pays ou dans les pays voisins du Congo ; certes, il lui arrive des aventures bouleversantes ; mais franchement, on ne peut pas qualifier sa vie de « pimentée », tant elle est plutôt amère et cruelle.

Bref, Petit Piment ne fut pas un grand moment de lecteur pour moi, à mon grand regret. Il est évident qu’il faudra foncer vers une autre œuvre d’Alain Mabanckou pour vraiment apprécier la truculence et l’ambiance qu’il semble insuffler dans d’autres romans que celui-ci.

Autres critiques :

Kaamelotien de souche et apprenti médiéviste, tentant de naviguer entre bandes dessinées, essais historiques, littératures de l’imaginaire et quelques incursions vers de la littérature plus contemporaine. Membre fondateur du Bibliocosme.

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