Polar - Thriller

Southern Bastards, tome 1 : Ici repose un homme

Southern Bastards 1 Ici repose un homme

Titre : Ici repose un homme
Série : Southern Bastards, tome 1
Auteur : Jason Aaron
Auteur : Jason LaTour
Éditeur : Urban Comics (Urban Indies)
Date de publication : 20 mars 2015 (2014 en VO chez Image Comics)

Synopsis : De retour à Craw County, Earl Tubb n’a qu’une chose en tête : vider la maison du vieil oncle Buhl et repartir au plus vite de cette petite ville d’Alabama qu’il a quittée voilà 40 ans. Il suffira d’une altercation avec quelques locaux au diner du coin pour transformer ce séjour en descente aux enfers. Un enfer taillé sur mesure par Euless Boss, coach de l’équipe de football local et ennemi juré de feu le shérif Tubb, paternel d’Earl.

Note 3.5

– L’Alabama, tout ce que je connais de l’Alabama, ce sont les jets d’eau et le football.
– Il n’y a à peu près rien d’autre, m’sieur.

Il a fui autant sa cambrousse que son paternel violent ; il a vécu la guerre du Viêtnam et a tout fait pour laisser son passé derrière lui ; il revient dans sa ville natale pour déblayer la maison familiale : Earl Tubb ne compte pas s’éterniser dans ce petit bled paumé d’Alabama qu’est Craw County. Le premier tome de Southern Bastards est là pour nous narrer ce qui lui prendra tant de temps pour quitter cette bourgade « pittoresque à l’américaine ».


Craw County sent bon le fin fond de la campagne américaine. L’Alabama dans toute sa splendeur, semblerait-il. Les chiens errants contestent le prix de l’attractivité aux bastons de comptoir et seul le terrain local mobilise les masses brutales qui squattent le bar au crépuscule. De plus, quand on a des flingues dans les poches et des battes dans la voiture, forcément, tout peut dégénérer très vite dans ce genre d’ambiance glauque, sale et rustre. Si vous êtes plutôt fan de My Little Pony (Frienship is Magic !) ou bien même à la recherche de séries humoristiques, passez votre chemin : ici, on règle ses problèmes en famille et on ne les règle pas forcément proprement.

Dans cette atmosphère très propice à l’intrigue crasseuse, le scénario de Jason Aaron nous fait suivre le cheminement personnel du personnage principal non seulement à travers ses actes violents qui chamboulent la vie de Craw County, mais aussi et surtout à travers les appels à sens unique passés vers une personne inconnue du lecteur, pendant lesquels Earl Tubb se confie et s’épanche sur ses souvenirs maintes fois ressassés, sa réticence à laisser les choses dégénérer mais aussi la fatalité de la situation. C’est un élément au départ anecdotique qui prend au fur et à mesure une importance touchante et quasiment implacable.

C’est une bonne équipe que celle composée de ces deux Jason, puisque pour accompagner Jason Aaron, nous trouvons le dessin très particulier de Jason Latour. Le dessinateur choque via des petites vignettes pleines d’action dans une violence bien jaugée, même si certains pourraient la juger insoutenable vu la situation. Des graphismes très sombres et pourtant très clairs dans leur lecture (attention malgré tout au lettrage, très heurté et difficile parfois à appréhender) sont là pour engoncer un peu plus l’atmosphère dans le lugubre et le malsain, voire le désespérant. Enfin, des bonus un peu particuliers attendent le lecteur en fin d’ouvrage, bonus qui correspondent tout à fait à l’ambiance de ce comics fait d’ « authenticité banale » et de « terroir local », avec notamment les traditionnelles couvertures de dessinateurs divers pour donner leur vision de cet univers rural, ainsi qu’une recette de cuisine (!) : Jason Aaron dans ses œuvres.

Encore donc une publication réussie d’Urban Comics traduite à partir d’un matériel très récent (2014 aux États-Unis) et issu du catalogue d’Image Comics pour lequel les éditeurs français se battent de plus en plus ardemment (notez seulement que Walking Dead et Saga en tous deux issus…) ! Quatre chapitres et un court épilogue tranchants comme un poignard aiguisé et puissants comme le gourdin de M. Tubb : le premier tome de Southern Bastards peut se lire comme un one-shot isolé de tout le reste de vos lectures, sachez juste que la suite est rapidement prévue en version française pour juin 2015 et centrée, à première vue, sur le personnage du Coach Boss.

Autres critiques : Belette (The Cannibal Lecteur), Biggy (CritiComics), Kameyoko (Fant’Asie), Yaneck Chareyre (Chroniques de l’Invisible) et Yvan Tilleul (Sin City)

Kaamelotien de souche et apprenti médiéviste, tentant de naviguer entre bandes dessinées, essais historiques, littératures de l’imaginaire et quelques incursions vers de la littérature plus contemporaine. Membre fondateur du Bibliocosme.

Aucun commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.