Fantastique - Horreur

Le cabinet du Docteur Black

Le cabinet du docteur black

Titre : Le cabinet du Docteur Black
Auteur : E. B. Hudspeth
Éditeur : Le Pré-aux-clercs
Date de publication : 2014 (septembre)

Synopsis : Nous sommes à la fin de l’année 1870 à Philadelphie. L’étrange docteur Black, un chirurgien controversé, fils d’un pilleur de tombes, travaille dans son bureau à la lueur d’une lampe à huile. Il est l’auteur d’une étrange théorie qui fait frémir ses contemporains. Le Minotaure, les satyres, les chimères, les harpies, les dragons, Pégase, les sirènes… seraient en fait des créatures de chair et de sang qui auraient vécu sur terre avant la race humaine. Ils ne seraient ni plus ni moins que nos ancêtres. Ce savant fou, étaye son travail à l’aide de planches anatomiques absolument incroyables qui démontrent au fil des pages l’improbable parenté entre les squelettes humains et ceux d’un fabuleux bestiaire fantastique.

Note 3.5

 

Sirènes, sphinx, centaures…, autant de créatures qui ne relèvent pour tout le monde que de la pure fiction. Ce n’est toutefois pas l’avis du docteur Spencer Black dont l’ouvrage nous présente ici les théories et les créations. La première partie est consacrée à la vie et aux travaux de ce scientifique anglais de la fin du XIXe promis à un brillant avenir et qui choisi rapidement, et au grand dame de la communauté scientifique, de se spécialiser dans l’étude des malformations physiques. Des malformations qu’ils voient d’abord comme des handicaps et qu’ils commencent donc par opérer et retirer, avant de développer une théorie révolutionnaire : et si ces malformations n’étaient pas des tares mais des manifestations d’un état antérieur à l’homme dont notre corps aurait gardé le souvenir ? Sirènes, centaures, harpies et autres créatures mythologiques ne seraient donc pas seulement des légendes mais auraient bel et bien existé, et les hommes d’aujourd’hui ne seraient en fait qu’une espèce dérivée de ces créatures. L’idée est originale et l’ouvrage habilement conçu alternant passages narratifs et extraits de lettres écrites par les différents protagonistes, à commencer par le docteur Black. Un personnage ambiguë dont on ignore si on assiste à la déchéance ou l’apothéose. Génie révolutionnant le monde de la science pour certains, charlatan sadique pour d’autres, ce qui est certain c’est que l’homme de science déchaîne les passions et suscite, au mieux, le malaise, au pire, le dégoût.

Car les expériences du professeur, d’abord en matière de chirurgie, puis de taxidermie, relèvent pour certaines du pur sadisme et ne manqueront pas d’infliger quelques sueurs froides aux lecteurs sensibles. On en a d’ailleurs la preuve dans la seconde partie de l’ouvrage qui alterne cette fois texte descriptif et illustrations de ces fameuses créatures dont le professeur Black atteste l’existence mais dont on ignore jusqu’au bout s’il s’agit de véritables découvertes ou bien du fruit des expérimentations d’un esprit malade. Si les lecteurs peu expérimentés en orthopédie et en anatomie ne trouveront sûrement que peu d’intérêt au (trop ? ) nombreuses planches détaillant la morphologie de ces êtres os par os, tissu par tissu, les croquis représentant dans leur pleine majesté pégases, chimères ou sphinx ne manquent pour leur part pas d’attrait et raviront tous les amateurs de fantastique et de mythologie. On pourrait regretter que les descriptions accompagnant ces croquis des espèces animales disparues soient aussi succinctes, toutefois l’angle d’approche de l’auteur, qui consiste à ne dépeindre ces créatures que par le prisme de la science et à ne s’interroger ainsi que sur des considérations d’ordre physiologique et jamais symbolique, donne à l’ouvrage une petite touche d’originalité supplémentaire.

 

Après « Steampunk : De vapeur et d’acier », les éditions du Pré-aux-clercs offrent aux amateurs des littératures de l’imaginaire un nouveau beau livre dans lequel l’auteur tente habilement de mêler science et mythologie. Attention toutefois aux âmes sensibles! Un grand merci à Babélio et à la maison d’édition pour cette découverte.

Autres critiques : Bastien R. (ActuSF) ; Cœur de chêne (BiblioBlog) ; Oriane (La Pile à Lire) ; Yumiko (Évasions littéraires)

Antiquiste passionnée d’art, de cinéma, de voyage et surtout grande lectrice des littératures de l’imaginaire (fantasy essentiellement).

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