Fantastique - Horreur

Homo vampiris

Homo vampiris

Titre : Homo vampiris
Auteur : Fabien Clavel
Éditeur : Mnémos (Icarès / Hélios)
Date de publication : 2009 / 2014

Synopsis :  21e siècle. 8 mai. Roumanie. 2h environ. Un patient s’échappe de l’Usine, une clinique d’un genre un peu particulier. Londres. 13H02. Une jeune étudiante quitte en courant une conférence de l’ONU. Sa soif de connaissance a capitulé devant une faim plus insatiable encore. Dubaï. 21H48. Dans une luxueuse suite de l’Al-Mahara, autrefois l’hôtel le plus cher du monde, seule une panthère noire ressortira vivante de la violente dispute qui oppose deux hommes.

Note 4.0

La comtesse Bathory était à l’origine du plus grand scandale que la société vampirique ait jamais connu, celui qui avait failli révéler leur existence au monde entier. Heureusement, avec les années, sa noire légende s’était éstompée au profit de celle de Vlad Tepes. Une remarquable opération de communication, d’ailleurs. Le nom avait été glissé à l’oreille d’un écrivain Irlandais, Bram Stocker, inconnu à l’époque. Ce n’était pas la seule campagne de désinformation qu’ils avaient orchestrée, mais elle se révélait de loin la plus réussie.

Post-apo, légende arthurienne, fantasy historique…, Fabien Clavel s’attaque depuis des années avec un égal succès à tous les genres des littératures de l’imaginaire. Avec « Homo vampiris » c’est cette fois au mythe du vampire qu’il a choisi de se consacrer, un roman captivant mêlant habilement thriller et fantastique mettant en scène un groupe de vampires animé depuis des siècles par un idéal et pourchassé par un groupuscule religieux de plus en plus belliqueux. Les amateurs de l’auteur ne manqueront pas de relever les grandes similitudes que partage l’ouvrage avec une de ses autres séries, « Nephilim », dédiée à la quête de sept Immortels déchus pourchassés par une société secrète. Outre quelques similarités en ce qui concerne l’intrigue, les deux romans partagent également plus ou moins les mêmes qualités : une intrigue bien ficelée et captivante de bout en bout ; un rythme mené tambour battant et des scènes d’action très dynamiques ; un ton souvent incisif accompagné d’une bonne dose de cynisme… Les personnages sont eux aussi à la hauteur, tous torturés et attachants à leur manière, qu’il s’agisse de Nina, jeune femme complètement paumée qui ne parvient pas à trouver sa place, d’Ashanti, diplomate au visage scarifié et faisant office de leader, mais aussi de Zéro, touchant albinos attardé, de Fedora, la belle danseuse horrifiée de sa monstruosité, et j’en passe.

Ce qui frappe avant tout dans le roman de Fabien Clavel, outre la qualité de ses personnages, c’est le soin accordé à la construction du récit. Le roman est en effet élaboré de façon très minutieuse, adoptant un mode de narration particulier ponctué de brèves interruptions de la part d’un narrateur inconnu dont on ne saisi pleinement l’importance qu’à la toute fin. Comme toujours dans ses romans, l’auteur aime à multiplier les énigmes au fur et à mesure du récit, énigmes qui trouveront cela dit toutes leur résolution grâce à un final grandiose qui laissera le lecteur pantelant mais néanmoins satisfait d’avoir obtenu les réponses à toutes ses interrogations. En ce qui concerne les vampires, Fabien Clavel se réapproprie le mythe avec talent, reprenant certaines des caractéristiques bien connues de ces créatures fantastiques tout en proposant ses propres théories. On peut à ce propos saluer la grande précision de l’auteur qui nous informe avec un luxe de détail de l’organisation et des pratiques de ses vampires : leur façon de se nourrir, leurs capacités surnaturelles (auxquelles l’auteur propose cela dit des explications scientifiques), la hiérarchisation de leur société en quatre clans…

Comme dans chacun des ouvrages de l’auteur on ne peut également s’empêcher de remarquer les nombreuses références à l’histoire ou la littérature (formation classique oblige) : les vampires possèdent tous une remarquable connaissance des langues anciennes (à commencer par le latin) ; les textes bibliques sont cités à de multiples reprises ; on découvre des aperçus de la Babylone du VIe siècle avant notre ère ou encore de la Rome antique grâce à quelques chapitres consacrés au passé des principaux personnages… Les clins d’œil plus ou moins appuyés à celles et ceux ayant participé à créer la figure du vampire telle qu’on la conçoit aujourd’hui sont également nombreux, qu’il s’agisse évidemment de Bram Stock et son « Dracula » ou bien de la célèbre et sanglante comtesse hongroise Bathory (à propos de laquelle est d’ailleurs récemment sorti un roman signé Patrick McSpare). Malgré ces références très marquées au passé et à l’histoire, se dévoile également en filigrane dans le roman une société du futur originale, à la fois toujours aussi éprise de progrès et d’innovation mais paradoxalement en pleine régression car étant venue à bout de la plupart des ressources naturelles de la planète.

Avec « Homo vampiris » Fabien Clavel signe encore une fois un roman très réussi, à mi chemin entre le fantastique et le thriller. De l’action, du suspens, de l’humour, de l’horreur, tout est là pour faire passer au lecteur un excellent moment, à commencer par les personnages que l’on ne quitte pas sans une petite pointe de regret. Voilà décidément un auteur de talent que je ne me lasse pas lire !

p style= »text-align:justify; »>Autres critiques : Yumiko (Évasions littéraires)

Antiquiste passionnée d’art, de cinéma, de voyage et surtout grande lectrice des littératures de l’imaginaire (fantasy essentiellement).

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