Science-Fiction

Casanova – Au service de l’E.M.P.I.R.E., tome 1 : Luxuria

Casanova 1 Luxuria

Titre : Luxuria
Série : Casanova – Au service de l’E.M.P.I.R.E., tome 1
Scénariste : Matt Fraction
Dessinateurs : Fàbio Moon et Gabriel Bà
Éditeur : Urban Comics (Urban Indies)
Date de publication : 25 janvier 2013 (2007 en VO chez Image Comics)

Synopsis : Son père, Cornélius, est le Directeur Suprême d’E.M.P.I.R.E., agence internationale chargée de préserver notre chère Terre de toute menace, et ce, de préférence, par les moyens les plus répressifs qui soient. Sa soeur jumelle, Zephyr, incarne l’élite des agents d’E.M.P.I.R.E., et enquête actuellement sur une anomalie dans le continuum espace-temps. La planète entière est sous la juridiction de la famille Quinn, nos vies leur appartiennent, chacune des lois qui régit notre quotidien émane de leur seule autorité. Et Casanova Quinn entend bien les briser, toutes, une à une…

Note 1.0

Coucher avec un robot. L’infecter avec un virus. Ok
Voler un autre robot. Ne pas coucher avec. Ok
Récupérer un agent de l’E.M.P.I.R.E. parti en brioche dans un baisodrome turbo-chelou. Ok

Un nom de lover pour un comics complètement barré : vous êtes bien accroché ? car ce voyage entre univers parallèles et complots familiaux n’est pas de tout repos !


 

Ce « 007 arc-en-ciel », ce James Bond des univers parallèles, ne vous laissera pas indifféremment, incontestablement. On pourrait croire que beaucoup de chefs-d’œuvre sortent des torpeurs liées à l’absorption de drogues pas forcément bien douces, mais là c’est clair que ce n’est pas le chemin que l’on prend ici : on a l’impression d’avoir fumé quelque chose, certes, mais on a surtout l’impression qu’on subit « bad trip » complet et ça fait mal aussi bien aux yeux qu’au cerveau. En lui-même, le mélange temporel des scènes ne me dérange pas ; la juxtaposition d’univers parallèles ne me dérange pas non plus ; l’emberlificotage des personnages entre fausses parentés et vrais squelettes robotiques ne me dérange pas davantage ; ce qui me dérange, en revanche, c’est le fouillis scénaristique, le vide extrême quant à savoir s’il y a ou non un fil rouge à suivre ou si le fait de ne rien n’y comprendre (car tout s’enchaîne de manière plus qu’étrange) est normal ou non. Et puis cette manie, cette facilité même, qui revient à utiliser le « Dieu, créateur de toutes choses » pour nous rappeler que telle chose s’est déroulée ainsi ou que tel scénario tient la route en l’expliquant d’une certaine façon, je dis non !

Quand en plus la violence gratuite et les blagues de mauvais goûts (notamment les acronymes abracadabrantesques comme D.E.F.O.N.C.E. ou M.O.T.T.E., et encore c’est le meilleur côté du scénario…) se côtoient sans plus de cohérence que cela et que ça ne choque personne dans la tripotée de personnages proposés, que dire de plus ? Que l’ensemble est complètement (beaucoup trop) déjanté ; et cette incompréhension totale est renforcée par le fait que Matt Fraction multiplie les références gratuites, ce qui n’aide pas même si j’aime les références à la culture populaire habituellement. Alors je ne dis pas qu’il faut que tous les comics soient de la grande littérature, mais là j’ai vraiment eu de la peine à finir et je trouve dommage qu’une série prenne corps sur un simple trip d’auteur.

Les quelques tentatives de mises en abîme et de prises de recul sur la fonction des comics auraient pu être intéressantes (de la même façon que Grant Morrison joue avec son personnage Flex Mentallo dans l’introspection entre les auteurs de comics et leurs histoires), mais les références sont tellement du grand n’importe quoi que ça ne prend pas du tout. Pire, on a l’impression que Matt Fraction s’en fout ! Ce n’est sûrement pas le cas, bien sûr, mais c’est l’impression que cela donne. À trop vouloir montrer combien il aime les comics, il en fait une caricature qui tâche, et méchamment, de manière à la fois moche et sale. Et l’aspect graphique n’a rien rattrapé chez moi : si encore le dessin était des plus parfaits, j’aurai dit oui malgré tout, mais franchement je n’ai pas davantage adhéré. J’imagine que c’est en toute subjectivité, mais ce n’est pas agréable à regarder, tout simplement et le lettrage n’aide pas, qui plus est. Que du subjectif donc, dans mon appréciation, mais vraiment une lecture qui reste gravée dans ma mémoire pour ses pires aspects.

Bref, à mon humble avis, nous avons là de l’aberrant pour faire du sensationnel, mais ça ne fonctionne pas longtemps. Avec ce premier tome, malheureusement, on atteint très vite ce qui est dignement supportable : la découverte de ce personnage s’arrêtera là pour moi, même si Urban Comics tente au moins de nous sortir des auteurs habituels et des personnages les plus connus.

P.C. (post critiquam) : comme il se peut toujours que je n’ai pas tout compris, ou bien si je n’ai pas l’esprit assez fin pour tout cela, peut-être cet article d’Urban Comics en guidera certains : « Rien n’était vrai – David Bowie ».

Kaamelotien de souche et apprenti médiéviste, tentant de naviguer entre bandes dessinées, essais historiques, littératures de l’imaginaire et quelques incursions vers de la littérature plus contemporaine. Membre fondateur du Bibliocosme.

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